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191. Les âmes de nos sauvages sont-elles des âmes à l’état d’enfance ?

« Enfance relative ; mais ce sont des âmes déjà développées ; ils ont des passions. »

― Les passions sont donc un signe de développement ?

« De développement, oui, mais non de perfection ; elles sont un signe d’activité et de la conscience du moi ; tandis que dans l’âme primitive l’intelligence et la vie sont à l’état de germe. »

La vie de l’Esprit, dans son ensemble, parcourt les mêmes phases que nous voyons dans la vie corporelle ; il passe graduellement de l’état d’embryon à celui de l’enfance, pour arriver par une succession de périodes à l’état d’adulte, qui est celui de la perfection, avec cette différence qu’il n’a pas de déclin et de décrépitude comme dans la vie corporelle ; que sa vie, qui a eu un commencement, n’aura pas de fin ; qu’il lui faut un temps immense, à notre point de vue, pour passer de l’enfance spirite à un développement complet, et son progrès s’accomplit, non sur une seule sphère, mais en passant par des mondes divers. La vie de l’Esprit se compose ainsi d’une série d’existences corporelles dont chacune est pour lui une occasion de progrès, comme chaque existence corporelle se compose d’une série de jours à chacun desquels l’homme acquiert un surcroît d’expérience et d’instruc-

    pourtant, quoiqu’il n’y ait que six de vos mois que j’y sois, je puis dire que, pour l’intelligence, j’ai trente ans de l’âge que j’avais sur la terre.»
      Beaucoup de réponses analogues ont été faites par d’autres Esprits, et cela n’a rien d’invraisemblable. Ne voyons-nous pas sur la terre une foule d’animaux acquérir en quelques mois leur développement normal ? Pourquoi n’en serait-il pas de même de l’homme dans d’autres sphères ? Remarquons, en outre, que le développement acquis par l’homme sur la terre à l’âge de trente ans n’est peut-être qu’une sorte d’enfance, comparé à celui qu’il doit atteindre. C’est avoir la vue bien courte que de nous prendre en tout pour les types de la création, et c’est bien rabaisser la Divinité de croire qu’en dehors de nous il n’y ait rien qui lui soit possible.