Page:Kardec - Le livre des esprits, 2è édition, 1860.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

actuelle est la seule, l’âme de chaque homme est créée à sa naissance, à moins que l’on admette l’antériorité de l’âme, auquel cas on se demanderait ce qu’était l’âme avant la naissance, et si cet état ne constituait pas une existence sous une forme quelconque. Il n’y a pas de milieu : ou l’âme existait, ou elle n’existait pas avant le corps ; si elle existait, quelle était sa situation ? Avait-elle ou non conscience d’elle-même ; si elle n’en avait pas conscience, c’est à peu près comme si elle n’existait pas ; si elle avait son individualité, elle était progressive ou stationnaire ; dans l’un et l’autre cas, à quel degré est-elle arrivée dans le corps ? En admettant, selon la croyance vulgaire, que l’âme prend naissance avec le corps, ou, ce qui revient au même, qu’antérieurement à son incarnation elle n’a que des facultés négatives, nous posons les questions suivantes :

1. Pourquoi l’âme montre-t-elle des aptitudes si diverses et indépendantes des idées acquises par l’éducation ?

2. D’où vient l’aptitude extra-normale de certains enfants en bas âge pour tel art ou telle science, tandis que d’autres restent inférieurs ou médiocres toute leur vie ?

3. D’où viennent chez les uns, les idées innées ou intuitives qui n’existent pas chez d’autres ?

4. D’où viennent, chez certains enfants, ces instincts précoces de vices ou de vertus, ces sentiments innés de dignité ou de bassesse qui contrastent avec le milieu dans lequel ils sont nés ?

5. Pourquoi certains hommes, abstraction faite de l’éducation, sont-ils plus avancés les uns que les autres ?

6. Pourquoi y a-t-il des sauvages et des hommes civilisés ? Si vous prenez un enfant hottentot à la mamelle, et si vous l’élevez dans nos lycées les plus renommés, en ferez-vous jamais un Laplace ou un Newton ?