Page:Kardec - Le livre des esprits, 2è édition, 1860.djvu/17

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duit. Il faudrait donc que le médium se fût appliqué à changer sa propre écriture de vingt manières différentes, et surtout qu’il pût se souvenir de celle qui appartient à tel ou tel Esprit.

La seconde circonstance résulte de la nature même des réponses qui sont, la plupart du temps, surtout lorsqu’il s’agit de questions abstraites ou scientifiques, notoirement en dehors des connaissances et quelquefois de la portée intellectuelle du médium, qui, du reste, le plus ordinairement, n’a point conscience de ce qui s’écrit sous son influence ; qui très souvent même n’entend pas ou ne comprend pas la question posée, puisqu’elle peut l’être dans une langue qui lui est étrangère, ou même mentalement, et que la réponse peut être faite dans cette langue. Il arrive souvent enfin que la corbeille écrit spontanément, sans question préalable, sur un sujet quelconque et tout à fait inattendu.

Ces réponses, dans certains cas, ont un tel cachet de sagesse, de profondeur et d’à-propos ; elles révèlent des pensées si élevées, si sublimes, qu’elles ne peuvent émaner que d’une intelligence supérieure, empreinte de la moralité la plus pure ; d’autres fois elles sont si légères, si frivoles, si triviales même, que la raison se refuse à croire qu’elles puissent procéder de la même source. Cette diversité de langage ne peut s’expliquer que par la diversité des intelligences qui se manifestent. Ces intelligences sont-elles dans l’humanité ou hors de l’humanité ? Tel est le point à éclaircir, et dont on trouvera l’explication complète dans cet ouvrage telle qu’elle est donnée par les Esprits eux-mêmes.

Voilà donc des effets patents qui se produisent en dehors du cercle habituel de nos observations, qui ne se passent point avec mystère, mais au grand jour, que tout le monde peut voir et constater, qui ne sont pas le privilége d’un seul individu, mais que des milliers de personnes répètent tous les jours à volonté. Ces effets ont nécessairement une cause, et du moment qu’ils révèlent l’action d’une intelligence et d’une volonté, ils sortent du domaine purement physique.

Plusieurs théories ont été émises à ce sujet ; nous les examinerons tout à l’heure, et nous verrons si elles peuvent rendre raison de tous les faits qui se produisent. Admettons, en attendant, l’existence d’êtres distincts de l’humanité, puisque telle