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L’émancipation de l’âme se manifeste quelquefois à l’état de veille et produit le phénomène désigné sous le nom de seconde vue qui donne à ceux qui en sont doués la faculté de voir, d’entendre et de sentir au-delà des limites de nos sens. Ils perçoivent les choses absentes partout où l’âme étend son action ; ils les voient pour ainsi dire à travers la vue ordinaire et comme par une sorte de mirage.

Dans le moment où se produit le phénomène de la seconde vue, l’état physique est sensiblement modifié ; l’œil a quelque chose de vague : il regarde sans voir ; toute la physionomie reflète une sorte d’exaltation. On constate que les organes de la vue y sont étrangers, en ce que la vision persiste, malgré l’occlusion des yeux.

Cette faculté paraît à ceux qui en jouissent naturelle comme celle de voir ; c’est pour eux un attribut de leur être qui ne leur semble pas faire exception. L’oubli suit le plus souvent cette lucidité passagère dont le souvenir, de plus en plus vague, finit par disparaître comme celui d’un songe.

La puissance de la seconde vue varie depuis la sensation confuse jusqu’à la perception claire et nette des choses présentes ou absentes. À l’état rudimentaire, elle donne à certaines gens le tact, la perspicacité, une sorte de sûreté dans leurs actes qu’on peut appeler la justesse du coup d’œil moral. Plus développée, elle éveille les pressentiments ; plus développée encore, elle montre les événements accomplis ou sur le point de s’accomplir.

Le somnambulisme naturel et artificiel, l’extase et la seconde vue ne sont que des variétés ou modifications d’une même cause ; ces phénomènes, de même que les