Page:Kardec - Le livre des esprits, 2è édition, 1860.djvu/302

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d’entre eux ; la nature leur a donné tout ce que l’homme est obligé d’inventer avec son intelligence pour ses besoins et sa conservation ; son corps se détruit comme celui des animaux, c’est vrai, mais son Esprit a une destinée que lui seul peut comprendre, parce que lui seul est complètement libre. Pauvres hommes qui vous abaissez au-dessous de la brute ! ne savez-vous pas vous en distinguer ? Reconnaissez l’homme à la pensée de Dieu. »

593. Peut-on dire que les animaux n’agissent que par instinct ?

« C’est encore là un système. Il est bien vrai que l’instinct domine chez la plupart des animaux ; mais n’en vois-tu pas qui agissent avec une volonté déterminée ? C’est de l’intelligence, mais elle est bornée. »

Outre l’instinct, on ne saurait dénier à certains animaux des actes combinés qui dénotent une volonté d’agir dans un sens déterminé et selon les circonstances. Il y a donc en eux une sorte d’intelligence, mais dont l’exercice est plus exclusivement concentré sur les moyens de satisfaire leurs besoins physiques et de pourvoir à leur conservation. Chez eux, nulle création, nulle amélioration ; quel que soit l’art que nous admirons dans leurs travaux, ce qu’ils faisaient jadis, ils le font aujourd’hui, ni mieux, ni plus mal, selon des formes et des proportions constantes et invariables. Le petit, isolé de ceux de son espèce, n’en construit pas moins son nid sur le même modèle sans avoir reçu d’enseignement. Si quelques-uns sont susceptibles d’une certaine éducation, leur développement intellectuel, toujours renfermé dans des bornes étroites, est dû à l’action de l’homme sur une nature flexible, car il n’est aucun progrès qui leur soit propre ; mais ce progrès est éphémère et purement individuel, car l’animal rendu à lui-même ne tarde pas à rentrer dans les limites tracées par la nature.

594. Les animaux ont-ils un langage ?

« Si vous entendez un langage formé de mots et de syllabes, non ; mais un moyen de communiquer entre eux,