Page:Kardec - Le livre des esprits, 2è édition, 1860.djvu/379

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différents qui constituent les nationalités ; c’est pourquoi il leur faudra toujours des lois appropriées à ces mœurs et à ces besoins ; mais la charité ne connaît point de latitudes et ne fait pas de distinction entre la couleur des hommes. Quand la loi de Dieu sera partout la base de la loi humaine, les peuples pratiqueront la charité de l’un à l’autre, comme les individus d’homme à homme ; alors ils vivront heureux et en paix, parce que nul ne cherchera à faire du tort à son voisin, ni à vivre à ses dépens. »

L’humanité progresse par les individus qui s’améliorent peu à peu et s’éclairent ; alors, quand ceux-ci l’emportent en nombre, ils prennent le dessus et entraînent les autres. De temps en temps surgissent parmi eux des hommes de génie qui donnent un élan, puis des hommes ayant l’autorité, instruments de Dieu, qui en quelques années la font avancer de plusieurs siècles.

Le progrès des peuples fait encore ressortir la justice de la réincarnation. Les hommes de bien font de louables efforts pour faire avancer une nation moralement et intellectuellement ; la nation transformée sera plus heureuse en ce monde et en l’autre, soit ; mais pendant sa marche lente à travers les siècles, des milliers d’individus meurent chaque jour ; quel est le sort de tous ceux qui succombent dans le trajet ? Leur infériorité relative les prive-t-elle du bonheur réservé aux derniers arrivés ? Ou bien leur bonheur est-il relatif ? La justice divine ne saurait consacrer une telle injustice. Par la pluralité des existences, le droit au bonheur est le même pour tous, car nul n’est déshérité du progrès ; ceux qui ont vécu au temps de la barbarie, pouvant revenir au temps de la civilisation, chez le même peuple ou chez un autre, il en résulte que tous profitent de la marche ascendante.

Mais le système de l’unité des existences présente ici une autre difficulté. Avec ce système l’âme est créée au moment de la naissance ; donc si un homme est plus avancé qu’un autre, c’est que Dieu crée pour lui une âme plus avancée. Pourquoi cette faveur ? Quel mérite a-t-il, lui qui n’a pas vécu plus qu’un autre, moins qu’un autre souvent, pour être doué d’une âme supérieure ? Mais là n’est pas la principale difficulté. Une nation passe, en mille ans,