Page:Kardec - Le livre des esprits, 2è édition, 1860.djvu/41

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grave qui prouve une fois de plus le danger des conclusions prématurées. Ces personnes ne pouvant nier l’existence d’un phénomène dont la science vulgaire ne peut rendre compte, et ne voulant pas admettre la présence des Esprits, l’expliquent à leur manière. Leur théorie serait spécieuse si elle pouvait embrasser tous les faits ; mais il n’en est point ainsi. Lorsqu’on leur démontre jusqu’à l’évidence que certaines communications du médium sont complétement étrangères aux pensées, aux connaissances, aux opinions même de tous les assistants, que ces communications sont souvent spontanées et contredisent toutes les idées préconçues, elles ne sont pas arrêtées pour si peu de chose. Le rayonnement, disent-elles, s’étend bien au delà du cercle immédiat qui nous entoure ; le médium est le reflet de l’humanité tout entière, de telle sorte que, s’il ne puise pas ses inspirations à côté de lui, il va les chercher au-dehors, dans la ville, dans la contrée, dans tout le globe et même dans les autres sphères.

Je ne pense pas que l’on trouve dans cette théorie une explication plus simple et plus probable que celle du spiritisme, car elle suppose une cause bien autrement merveilleuse. L’idée que des êtres peuplant les espaces, et qui, étant en contact permanent avec nous, nous communiquent leurs pensées, n’a rien qui choque plus la raison que la supposition de ce rayonnement universel venant de tous les points de l’univers se concentrer dans le cerveau d’un individu.

Encore une fois, et c’est là un point capital sur lequel nous ne saurions trop insister, la théorie somnambulique, et celle qu’on pourrait appeler réflective, ont été imaginées par quelques hommes ; ce sont des opinions individuelles créées pour expliquer un fait, tandis que la doctrine des Esprits n’est point de conception humaine ; elle a été dictée par les intelligences mêmes qui se manifestent, alors que nul n’y songeait, que l’opinion générale même la repoussait ; or nous demandons où les médiums ont été puiser une doctrine qui n’existait dans la pensée de personne sur la terre ; nous demandons en outre par quelle étrange coïncidence des milliers de médiums disséminés sur tous les points du globe, qui ne se sont jamais vus, s’accordent pour dire la même chose. Si le premier médium qui parut en France a subi l’influence d’opinions déjà accréditées en Amérique, par quelle bizarrerie a-t-il été puiser ses