Page:Kardec - Le livre des esprits, 2è édition, 1860.djvu/435

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pris, je le répète, fait voir les choses de si haut que le sentiment de la personnalité disparaît en quelque sorte devant l’immensité. En détruisant cette importance, ou tout au moins en la faisant voir pour ce qu’elle est, il combat nécessairement l’égoïsme.

« C’est le froissement que l’homme éprouve de l’égoïsme des autres qui le rend souvent égoïste lui-même, parce qu’il sent le besoin de se tenir sur la défensive. En voyant que les autres pensent à eux et non à lui, il est conduit à s’occuper de lui plus que des autres. Que le principe de la charité et de la fraternité soit la base des institutions sociales, des rapports légaux de peuple à peuple et d’homme à homme, et l’homme songera moins à sa personne quand il verra que d’autres y ont songé ; il subira l’influence moralisatrice de l’exemple et du contact. En présence de ce débordement d’égoïsme, il faut une véritable vertu pour faire abnégation de sa personnalité au profit des autres qui souvent n’en savent aucun gré ; c’est à ceux surtout qui possèdent cette vertu que le royaume des cieux est ouvert ; à eux surtout est réservé le bonheur des élus, car je vous dis en vérité, qu’au jour de la justice, quiconque n’aura pensé qu’à soi sera mis de côté, et souffrira de son délaissement. » (785).

FÉNELON.

On fait sans doute de louables efforts pour faire avancer l’humanité ; on encourage, on stimule, on honore les bons sentiments plus qu’à aucune autre époque, et pourtant le ver rongeur de l’égoïsme est toujours la plaie sociale. C’est un mal réel qui rejaillit sur tout le monde, dont chacun est plus ou moins victime ; il faut donc le combattre comme on combat une maladie épidémique. Pour cela, il faut procéder à la manière des médecins : remonter à la source. Qu’on recherche donc dans toutes les parties de l’organisation sociale, depuis la famille jusqu’aux peuples, depuis la chaumière jusqu’au palais, toutes les causes,