Page:Kardec - Le livre des esprits, 2è édition, 1860.djvu/447

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jalousie n’a pas d’objet déterminé. Il y a des gens jaloux par nature de tout ce qui s’élève, de tout ce qui sort de la ligne vulgaire, alors même qu’ils n’y ont aucun intérêt direct, mais uniquement parce qu’ils n’y peuvent atteindre ; tout ce qui paraît au-dessus de l’horizon les offusque, et s’ils étaient en majorité dans la société, ils voudraient tout ramener à leur niveau. C’est la jalousie jointe à la médiocrité.

L’homme n’est souvent malheureux que par l’importance qu’il attache aux choses d’ici-bas ; c’est la vanité, l’ambition et la cupidité déçues qui font son malheur. S’il se place au-dessus du cercle étroit de la vie matérielle, s’il élève ses pensées vers l’infini qui est sa destinée, les vicissitudes de l’humanité lui semblent alors mesquines et puériles, comme les chagrins de l’enfant qui s’afflige de la perte d’un jouet dont il faisait son bonheur suprême.

Celui qui ne voit de félicité que dans la satisfaction de l’orgueil et des appétits grossiers est malheureux quand il ne peut les satisfaire, tandis que celui qui ne demande rien au superflu est heureux de ce que d’autres regardent comme des calamités.

Nous parlons de l’homme civilisé, car le sauvage ayant des besoins plus bornés n’a pas les mêmes sujets de convoitise et d’angoisses : sa manière de voir les choses est tout autre. Dans l’état de civilisation, l’homme raisonne son malheur et l’analyse ; c’est pourquoi il en est plus affecté ; mais il peut aussi raisonner et analyser les moyens de consolation. Cette consolation, il la puise dans le sentiment chrétien qui lui donne l’espérance d’un avenir meilleur, et dans le spiritisme qui lui donne la certitude de cet avenir.


Perte des personnes aimées.

934. La perte des personnes qui nous sont chères n’est-elle pas une de celles qui nous causent un chagrin d’autant plus légitime que cette perte est irréparable, et qu’elle est indépendante de notre volonté ?

« Cette cause de chagrin atteint le riche comme le pauvre : c’est une épreuve ou expiation, et la loi commune ; mais c’est une consolation de pouvoir communiquer avec