Page:Kardec - Le livre des esprits, 2è édition, 1860.djvu/449

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avoir un jour leur liberté, mais l’un d’eux l’obtient avant l’autre. Serait-il charitable à celui qui reste d’être fâché que son ami soit délivré avant lui ? N’y aurait-il pas plus d’égoïsme que d’affection de sa part à vouloir qu’il partage sa captivité et ses souffrances aussi longtemps que lui ? Il en est de même de deux êtres qui s’aiment sur la terre ; celui qui part le premier est le premier délivré, et nous devons l’en féliciter, en attendant avec patience le moment où nous le serons à notre tour.

Nous ferons sur ce sujet une autre comparaison. Vous avez un ami qui, auprès de vous, est dans une situation très pénible ; sa santé ou son intérêt exige qu’il aille dans un autre pays où il sera mieux sous tous les rapports. Il ne sera plus auprès de vous momentanément, mais vous serez toujours en correspondance avec lui : la séparation ne sera que matérielle. Serez-vous fâché de son éloignement, puisque c’est pour son bien ?

La doctrine spirite, par les preuves patentes qu’elle donne de la vie future, de la présence autour de nous de ceux que nous avons aimés, de la continuité de leur affection et de leur sollicitude, par les relations qu’elle nous met à même d’entretenir avec eux, nous offre une suprême consolation dans une des causes les plus légitimes de douleur. Avec le spiritisme, plus de solitude, plus d’abandon ; l’homme le plus isolé a toujours des amis près de lui, avec lesquels il peut s’entretenir.

Nous supportons impatiemment les tribulations de la vie ; elles nous paraissent si intolérables que nous ne comprenons pas que nous les puissions endurer ; et pourtant, si nous les avons supportées avec courage, si nous avons su imposer silence à nos murmures, nous nous en féliciterons quand nous serons hors de cette prison terrestre, comme le patient qui souffre se félicite, quand il est guéri, de s’être résigné à un traitement douloureux.


Déceptions. Ingratitude. Affections brisées.

937. Les déceptions que nous font éprouver l’ingratitude et la fragilité des liens de l’amitié, ne sont-elles pas aussi pour l’homme de cœur une source d’amertume ?

« Oui ; mais nous vous apprenons à plaindre les ingrats et les amis infidèles : ils seront plus malheureux que