Page:Kardec - Le livre des esprits, 2è édition, 1860.djvu/455

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heureux ceux qui les supportent sans murmurer, car ils en seront récompensés ! Malheur au contraire à ceux qui attendent leur salut de ce que, dans leur impiété, ils appellent le hasard ou la fortune ! Le hasard ou la fortune, pour me servir de leur langage, peuvent en effet les favoriser un instant, mais c’est pour leur faire sentir plus tard et plus cruellement le néant de ces mots. »

― Ceux qui ont conduit le malheureux à cet acte de désespoir en subiront-ils les conséquences ?

« Oh ! ceux-là, malheur à eux ! car ils en répondront comme d’un meurtre. »

947. L’homme qui est aux prises avec le besoin et qui se laisse mourir de désespoir, peut-il être considéré comme se suicidant ?

« C’est un suicide, mais ceux qui en sont cause ou qui pourraient l’empêcher sont plus coupables que lui, et l’indulgence l’attend. Pourtant ne croyez pas qu’il soit entièrement absous s’il a manqué de fermeté et de persévérance, et s’il n’a pas fait usage de toute son intelligence pour se tirer du bourbier. Malheur surtout à lui si son désespoir naît de l’orgueil ; je veux dire s’il est de ces hommes en qui l’orgueil paralyse les ressources de l’intelligence, qui rougiraient de devoir leur existence au travail de leurs mains, et qui préfèrent mourir de faim plutôt que de déroger à ce qu’ils appellent leur position sociale ! N’y a-t-il pas cent fois plus de grandeur et de dignité à lutter contre l’adversité, à braver la critique d’un monde futile et égoïste qui n’a de bonne volonté que pour ceux qui ne manquent de rien, et vous tourne le dos dès que vous avez besoin de lui ? Sacrifier sa vie à la considération de ce monde est une chose stupide, car il n’en tient aucun compte. »