Page:Kardec - Le livre des esprits, 2è édition, 1860.djvu/71

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La Bible dit également que le monde fut créé en six jours et en fixe l’époque à environ 4.000 ans avant l’ère chrétienne. Avant cela la terre n’existait pas ; elle a été tirée du néant : le texte est formel ; et voilà que la science positive, la science inexorable vient prouver le contraire. La formation du globe est écrite en caractères imprescriptibles dans le monde fossile, et il est prouvé que les six jours de la création sont autant de périodes, chacune peut-être de plusieurs centaines de milliers d’années. Ceci n’est point un système, une doctrine, une opinion isolée, c’est un fait aussi constant que celui du mouvement de la terre, et que la théologie ne peut se refuser d’admettre, preuve évidente de l’erreur dans laquelle on peut tomber en prenant à la lettre les expressions d’un langage souvent figuré. Faut-il en conclure que la Bible est une erreur ? Non ; mais que les hommes se sont trompés en l’interprétant.

La science, en fouillant les archives de la terre, a reconnu l’ordre dans lequel les différents êtres vivants ont paru à sa surface, et cet ordre est d’accord avec celui qui est indiqué dans la Genèse, avec cette différence que cette œuvre, au lieu d’être sortie miraculeusement des mains de Dieu en quelques heures, s’est accomplie, toujours par sa volonté, mais selon la loi des forces de la nature, en quelques millions d’années. Dieu en est-il moins grand et moins puissant ? Son œuvre en est-elle moins sublime pour n’avoir pas le prestige de l’instantanéité ? Évidemment non ; il faudrait se faire de la Divinité une idée bien mesquine pour ne pas reconnaître sa toute-puissance dans les lois éternelles qu’elle a établies pour régir les mondes. La science, loin d’amoindrir l’œuvre divine, nous la montre sous un aspect plus grandiose et plus conforme aux notions que nous avons de la puissance et de la majesté de Dieu, par cela même qu’elle s’est accomplie sans déroger aux lois de la nature.

La science, d’accord en cela avec Moïse, place l’homme en dernier dans l’ordre de la création des êtres vivants ; mais Moïse place le déluge universel l’an du monde 1654, tandis que la géologie nous montre le grand cataclysme antérieur à l’apparition de l’homme, attendu que, jusqu’à ce jour, on ne trouve dans les couches primitives aucune trace de sa présence, ni de celle des animaux de la même catégorie au point de vue physique ; mais rien ne prouve que cela soit impossible ; plusieurs découvertes ont déjà jeté des doutes à cet égard ; il se peut donc que d’un