Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T1.djvu/117

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Aussi, n’est-ce pas sans raison que George Sand en a publié un si grand nombre. Tout lecteur attentif se dira tout naturellement en les lisant : « Ah, je comprends maintenant pourquoi George Sand, dès ses premiers débuts dans la carrière littéraire, a fait preuve de tant de qualités de style ; je comprends maintenant sa facilité d’écrire ; c’était inné en elle, le talent d’écrivain était son sang[1]. » Ce n’est pas toutefois de son père, c’est de son aïeule en sautant encore une génération, que George Sand hérita de cet esprit un peu didactique, enclin aux utopies et à la systématisation. Elle a aussi bien raison, hélas, d’affirmer, que chacun de nous « tient plus encore de sa mère que de son père ». Et la mère de George Sand était une nature passionnée, qu’aucun frein d’éducation ne retenait, c’était un être primitif et vulgaire, une femme vive et artiste, mais quasi inculte, guidée uniquement par son instinct et son imagination, une exaltée et une déséquilibrée, dénuée de cette finesse morale qui — transmise à sa fille — aurait pu atténuer chez elle le tempérament dangereux et trop ardent de son père.

Nous pouvons nous dispenser, nous semble-t-il, de reproduire ici le tableau généalogique de la famille d’Auguste II en le commentant de notes dans le genre de celles qui parent l’arbre généalogique des Rougon-Macquart : « le

  1. À la page 13, t. III de l’Histoire de ma Vie, George Sand relate ce fait significatif que le fils naturel de son père, Hippolyte Châtiron, aspirait instinctivement à écrire des romans, et un jour qu’elle le surprit dans ses essais, et qu’ils se mirent à converser de la difficulté de rendre ses idées sur le papier, il s’était écrié : « Ah ça, c’est donc une maladie que nous avons dans le sang ? Tu pioches donc aussi dans le vide ? Tu rêvasses donc aussi comme moi ? Tu ne me l’avais jamais dit ! » Châtiron avait raison. George Sand avait dans le sang le talent d’écrivain, et elle l’avait hérité de son père, voire même de ses ancêtres paternels.