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nous trouvons dans le chapitre de l’Histoire de ma Vie, ayant trait aux années de l’adolescence de George Sand. Ou plutôt ces longues digressions communistes font honneur à l’écrivain de quarante-trois ans, mais ne doivent pas être rapportées à la petite châtelaine de Nohant parcourant, avec son précepteur, les terres de son aïeule. Il est vrai que cette petite châtelaine était une démocrate inconsciente, aussi bien qu’un poète inconscient, c’était encore une bonne et excellente enfant qui faisait le bien inconsciemment, partageant ce qu’elle avait avec ses petits amis campagnards, distribuant de sa propre autorité, ou grâce à la générosité de sa grand’mère, à eux et à leurs familles, du blé, du foin, du bois et de l’argent, leur épargnant les punitions ou les amendes, venant en aide à ceux qui ne possédaient ni un lopin de forêt ou de terrain, ni le moindre pâturage et ne subsistaient que grâce aux secours que leur accordaient les propriétaires. Mais George Sand a mal fait en attribuant à la petite fille de douze ans les mûres convictions socialistes de la femme de quarante-trois.

Toutefois si, ces années avaient été incontestablement utiles à la future penseuse démocrate, en lui fournissant, dès son bas-âge, matière à observations et à conclusions, elles rendirent au futur écrivain d’autres services plus précieux encore. Quelle que soit la naïveté du sujet des nouvelles rustiques de George Sand, si justes que puissent être les reproches qu’on lui adresse sur l’excès de sentimentalité et de vertu chez ses héros campagnards, on ne peut nier, qu’à côté de cette idéalisation des paysans, on rencontre toujours chez elle une observation si exacte, une si profonde connaissance de la vie du peuple, une telle pénétration de ses idées et de sa pensée, que les scènes populaires de George Sand sont bien supérieures aux œuvres de