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exact. En novembre de cette même année 1821, Dudevant partit pour Nohant et Aurore écrivit à Caron les lettres déjà mentionnées, dans lesquelles elle exprime pour son mari tant d’attachement et tant d’inquiétude. L’événement qui s’était passé sur la terrasse est, cependant, bien significatif ; si Aurore pleurait maintenant, ses pleurs ne pouvaient plus, comme au printemps, être qualifiés d’inexpliquables et d’incompréhensibles. Et malheureusement ce fait regrettable ne resta pas isolé, il fut, semble-t-il, comme le premier anneau d’une série d’autres actes, plus grossiers et plus révoltants encore. Si George Sand a trouvé nécessaire, après le divorce, de les oublier, l’historien qui écrit la chronique de ce mariage et de ce divorce a, lui, le devoir de ne pas oublier de pareils faits. Ce n’est aussi qu’un grain de sable peut-être, mais ce fut un des grains de sable qui, devant la justice, firent pencher la balance en faveur d’Aurore, car d’année en année il s’en était accumulé trop, de ces petits grains, beaucoup trop !

En automne, les Duplessis allèrent s’établir à Paris ; les Dudevant ne pouvaient, seuls, rester au Plessis, mais craignaient en retournant à Nohant de s’y trouver en tête à tête.

« Nous aimions la campagne, mais nous avions peur de Nohant, peur probablement de nous retrouver vis-à-vis l’un de l’autre, avec des instincts différents à tous égards et des caractères qui ne se pénétraient pas mutuellement. Sans vouloir nous rien cacher, nous ne savions rien nous expliquer ; nous ne nous disputions jamais sur rien, j’ai trop horreur de la discussion pour vouloir entamer l’esprit d’un autre, je faisais, au contraire, de grands efforts, pour voir par les yeux de mon mari et agir comme il souhaitait. Mais à peine m’étais-je mise d’accord avec lui, que, ne me