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Aurore écriT encore à Boucoiran le 13 janvier 1831 (fragment inédit qui manque dans la « Correspondance »)[1] : « Mettez-y toute votre prudence naturelle. Ne laissez jamais passer celles que vous m’écrirez par les mains de mon mari. Fiez-vous médiocrement à mon frère, à Duteil et à André. Vincent est le seul sur qui vous puissiez compter et vous ferez bien de l’avertir qu’il n’ait jamais à remettre la réponse à d’autres qu’à vous. Le meilleur moyen de vous assurer de lui, c’est de lui dire que ces lettres sont de moi ou pour moi ; il est accoutumé à soigner religieusement ma correspondance. En outre je vous écrirai à La Châtre poste restante et vous recommanderez à Mme  Decerfz ou à son remplaçant, si elle vient à perdre son bureau, comme il en est question, de ne remettre ces lettres qu’à vous ou à Vincent. Quand vous les aurez lues, jetez-les au feu ou serrez-les à clef, car je vous avertis que vous ne serez pas le premier dont les papiers aient été fouillés et examinés. Hélas ! quels détails dégoûtants ! Il faut que vous soyez bien mon ami pour n’en être pas rebuté… »

Il fut donc décidé qu’Aurore passerait tour à tour trois mois à Nohant et trois mois à Paris, et, qu’aussitôt établie dans cette ville, elle prendrait chez elle Solange, que, pendant ce temps, Maurice resterait avec son père et Boucoiran à Nohant, qu’il serait ensuite mis dans un collège, qu’enfin Dudevant payerait à Aurore les 3 000 francs qui lui étaient assignés par son contrat. Ceci pendant les six mois que sa femme passerait à Paris.

Hippolyte, Duteil et quelques autres amis essayèrent, aussitôt qu’ils eurent appris cet arrangement, d’en détour-

  1. Ce fragment se rapporte à la page 146 du 1er volume de la Correspondance ; il vient après les mots : « Ensuite prenez garde à vos lettres et aux miennes. Mettez-y votre prudence naturelle… »