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Paris, ils envoyèrent à leur tour à Aurore une lettre collective, à laquelle elle répondit par les deux missives humoristiques publiées dans la Correspondance. L’une d’elles porte le titre. « Épître romantique à mes amis, Sandeau, Fleury, Duvernet », et l’autre est écrite sous forme de « Réclamation adressée par le chien Brave à MM. Fleury et Duvernet, pour offense à la personne du dit Brave et diffamation gratuite auprès de sa protectrice, dame Aurore, châtelaine de Nohant et de beaucoup de châteaux en Espagne, dont la description serait trop longue à mentionner ». Le chien Brave porte plainte contre ces messieurs, qui l’accusaient de « traiter de factieux les glorieux libérateurs de la patrie », de lire la Quotidienne et d’autres crimes semblables.

Ces épitres drolatiques nous peignent de la manière la plus attrayante le parfait accord et la gaieté qui régnaient parmi cette jeunesse. Bien autrement remarquable encore est la fin de la lettre du 27 octobre 1830, adressée à Jules Boucoiran et imprimée en entier dans la Revue des Deux-Mondes, de 1881, parmi les quatorze lettres de George Sand, mais qui, pour une raison quelconque, fut tronquée lors de son impression dans la Correspondance[1] et où George Sand dit : « Les cancans vont leur train à la Châtre plus que jamais. Ceux qui ne m’aiment guère disent que j’aime Sandot[2] (vous comprenez la portée du

  1. M. Rocheblave, en citant ce passage dans son article George Sand avant George Sand (Revue de Paris, 1896), se trompe complètement en l’appelant « inédit ». Chacun peut le lire dans le n° du 15 janvier 1881 de la Revue des Deux Mondes.
  2. À cette époque, chose remarquable, Aurore Dudevant écrivait encore « Sandot » au lieu de « Sandeau ». Dans la Correspondance de George Sand toutes ses fautes sont corrigées, on a corrigé celle-là aussi. Dans la préface de Pauline elle avoue pourtant qu’elle faisait encore à ce moment beaucoup de fautes d’orthographe.