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tout d’abord elle s’était bien adressée à de Latouche pour qui elle avait réellement une lettre de recommandation de la part de Mme Duvernet mère, tante de de Latouche, que celui-ci reçut la jeune aspirante avec beaucoup d’affabilité, mais qu’il ne lui plut pas. Ses manières lui avaient paru antipathiques et lui-même ne lui avait inspiré aucune confiance. C’est alors qu’elle s’était adressée à Duris-Dufresne en le priant de la recommander à Kératry. Dans ses lettres, datées de janvier à mars 1831, elle dit à plusieurs reprises qu’elle ne veut pas avoir affaire à de Latouche, ni même suivre ses conseils, que Kératry lui plaît beaucoup mieux, mais qu’elle prie son mari de ne souffler mot là-dessus devant les Duvernet, peur ne pas offenser Mme Duvernet et pour que la nouvelle de ses rapports avec Kératry n’arrive pas aux oreilles de de Latouche. Le fils du comte de Kératry a donc eu parfaitement raison quand il protesta, dans le Figaro[1], contre ce qui est dit de son père dans « l’Histoire de ma Vie » et que, pour le prouver, il publia des lettres d’Aurore Dudevant à son père. Il est hors de doute qu’au début, les relations entre elle et Kératry furent amicales et agréables, que Kératry désirait l’aider autant qu’il le pouvait[2], et que ce ne fut qu’au bout de quelques temps qu’ils virent combien ils se convenaient peu par leurs idées et leurs goûts. Cela n’arriva que plusieurs mois après l’installation de Mme Dudevant à Paris. Le 4 mars 1831 elle écrit à Boucoiran. « J’ai revu Kératry et j’en ai assez. Hélas !

  1. Figaro, 28 septembre 1888. Comte Em. de Kératry : « Lettres inédites de George Sand ». Aussi dans ses Petits Mémoires. 1 vol. Ollendorff. 1898.
  2. Voir la lettre sans date à son mari, ne portant que le mot « Vendredi », la troisième qu’elle lui écrivit après son départ de Nohant, (pouvant être de février 1831 d’après l’annotation du vicomte de Spoelberch, faite par lui lors de la publication de cette lettre dans son