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forme, n’ait été inséré dans aucune des éditions du poète, et que dans les éditions postérieures de Lélia il ne soit plus publié en entier ; les éditeurs, par trop vertueux, trouvant probablement trop franches les strophes six et sept, les ont supprimées et font suivre la cinquième strophe de la huitième. De cette manière, les adorateurs contemporains de Musset — nous en sommes, et des plus Sincères — ne connaissent ces vers merveilleux que s’ils ont la patience des chercheurs[1], ou s’ils ont eu la chance de les trouver dans la première édition de Lélia, depuis longtemps devenue une rareté bibliographique[2]. En refaisant la dernière partie de Lélia, George Sand a pu, il est vrai, donner à Sténio quelques-uns des traits de Musset, car l’extérieur de Sténio vers la fin de sa vie ressemble de point en point au portrait qu’une des contemporaines de Musset, qui l’a connu vers 1838, a fait du poète, en quelques paroles incisives au cours d’une conversation avec un de nos amis.

La première édition de Lélia se distingue encore en ceci des éditions suivantes qu’elle seule est dédiée à de Latouche. Pour expliquer ce fait, nous nous permettrons de nous éloigner un moment de notre sujet, d’autant plus qu’au chapitre précédent nous n’avons presque rien dit de ce premier mentor de George Sand dans sa carrière littéraire et nous n’y reviendrons plus dans la suite.

Henri de Latouche, ou Delatouche, dont le vrai nom était

  1. Depuis que nous avons écrit ce chapitre, cette poésie a été réimprimée par M. de Spoelberch dans sa Véritable Histoire, p. 247-249. Avant la publication de ce volume, les connaisseurs et chercheurs qui ne possédaient pas la première édition de Lélia ne pouvaient relire ces vers que grâce à l’Intermédiaire des Chercheurs et Curieux, t. XVI, p. 257.
  2. 2 vol. in-8o, 1833, H. Dupuy, édit. et Tenré, libraire.