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1844 sur un recueil de vers de de Latouche les rapprocha de nouveau. La plupart des lettres de de Latouche à George Sand existent encore, et nous avons pu les consulter pour notre ouvrage, ainsi que plusieurs lettres de Mlle Flaugergues à Mme Sand. À partir de cette année et jusqu’à sa mort, Mme Dudevant ne cessa de lui témoigner sa sympathie et l’affection la plus touchante. Pendant sa vie, et après sa mort, elle lui consacra bon nombre de pages chaleureuses. Elle écrivit sur lui la Notice déjà mentionnée auparavant ; en 1844, elle avait publié dans la Revue Indépendante cette étude dont nous venons de parler, relative à son volume poétique « Les Adieux[1] », et enfin elle parle de lui avec une amitié touchante dans l’Histoire de ma Vie[2]. Et si, grâce à la rupture entre les deux amis et à l’aversion soudaine de de Latouche, Les éditions ultérieures de Lélia ne lui sont plus dédiées, n’oublions pourtant pas que ce fut son nom que George Sand avait placé en tête de son roman le plus profondément senti. Lui, de son côté, écrivit sur l’exemplaire qu’il lui offrit de sa Reine d’Espagne (pièce qui tomba à grand bruit), ces simples mots : À mon camarade, Aurore, mais ces paroles en disent plus que de longues phrases. En outre, au dire de George Sand, il parle d’elle avec éloge dans un de ses romans.

Lélia avait été le motif du refroidissement de de Latouche. Planche et Sainte-Beuve, au contraire, accueillirent le roman avec enthousiasme. Dans ses articles et dans une lettre à George Sand, Sainte-Beuve reconnait Lélia comme une œuvre vraiment virile, profondément conçue, une œuvre

  1. L’article fait partie des Souvenirs de 1848. (Œuvres complètes, édit. Lévy).
  2. Histoire de ma Vie, vol. IV, 4e partie, chap. v et 5e partie, chap. i