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raconte dans ses Mémoires[1], que, lorsque George Sand assista, en 1836, à une des réunions saint-simoniennes, elle était accompagnée par Alfred de Musset.

Les bons amis (?!) faisaient néanmoins tous leurs efforts pour semer la discorde entre eux, quoi que fissent George Sand et Musset, pour se défendre l’un l’autre contre les médisances et les calomnies. Le 19 avril 1838, George Sand écrit à Musset :

Mon cher Alfred,

(Un premier paragraphe a trait à une personne qu’il lui avait recommandée.)

Je n’ai pas compris le reste de ta lettre. Je ne sais pas pourquoi tu me demandes si nous sommes amis ou ennemis. Il me semble que tu es venu me voir l’autre hiver[2] — (donc en 1837 ils se sont encore vus), et que nous avons eu six heures d’intimité fraternelle, après lesquelles il ne faudrait jamais se mettre à douter l’un de l’autre, fût-on dix ans sans se voir et sans s’écrire, à moins qu’on ne voulût aussi douter de sa propre Sincérité ; et, en vérité, il m’est impossible d’imaginer comment et pourquoi nous nous tromperions l’un l’autre à présent…


Les années se suivaient, les anciennes blessures ne saignaient plus et se cicatrisaient ; de nouvelles amours faisaient oublier l’amour d’autrefois, la vie désunissait de plus en plus les anciens amants.

Ils se voyaient de moins en moins souvent et tout à fait fortuitement. En 1841, traversant la forêt de Fontainebleau, pour se rendre à la campagne, chez Berryer, Musset

  1. « Mémoires épisodiques d’un vieux chansonnier saint-simonien » par Pierre Vinçard. (Paris, Dentu et Grassart, 1878.)
  2. Ni Paul de Musset, ni les autres biographes hostiles à George Sand ne font mention de ces entrevues amicales. Arvède Barine seule fait exception. La lettre entière est publiée par M. de Spoelberch.