Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/234

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Liszt se mit courageusement à l’œuvre ; mais la réaction, survenue bientôt, après les premiers mois pleins d’espérances, refroidit son ardeur, et la symphonie, inachevée, resta dans son portefeuille. Il n’en existe que la transcription symphonique de la Marseillaise, et toute la première partie achevée ou son prologue, qui parut ensuite sous le titre de : Héroïde funèbre. Que le lecteur ne s’étonne pas si nous parlons d’une manière si détaillée de cette œuvre musicale de Liszt, qui, semble-t-il, ne fait pas partie du domaine de notre critique littéraire. Il nous excusera bientôt en voyant que tout ce que nous rapportons ici a eu sur George Sand une influence indiscutable. Ces détails ne sont donc pas étrangers à notre travail.

À peine revenu des émotions violentes et des secousses ressenties en 1831, Liszt se remit avec plus d’ardeur que jamais à l’œuvre de son instruction personnelle. La connaissance de Paganini, qu’il fit la même année, lui prouva définitivement qu’il était de toute impossibilité d’être un grand artiste si l’on n’est pas avant tout un homme supérieur ; que le développement artistique est impossible sans un grand développement des facultés humaines, « car Génie oblige et donc Génie oblige ». Il continua alors, avec plus d’ardeur encore, à lire, à étudier et à suivre tout ce qui paraissait de nouveau dans le monde. Qu’il s’agît d’une nouvelle doctrine, d’une œuvre artistique, d’un prédicateur en renom, d’un auteur, ou d’un acteur célèbre, « il voulait tout voir, tout connaître. Il était également attiré par une salle de concert, par la peinture, la sculpture, par la presse quotidienne, la tribune, la chaire, l’église — (il en était ainsi pour George Sand dans le cours des mêmes années). — Un jour ici, le lendemain ailleurs, cherchant partout à étancher la soif qui le torturait. »