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et per aspera ad astra, c’est ce qu’il ne nous appartient pas de juger, ce rôle revient à la Cause de tout ce qu’il y a de génial et de divin dans l’homme.

Dans la vie romanesque de George Sand, il y a eu, nous le répétons, du trop, et ce qui a joué en tout cela un grand rôle, c’est le tempérament passionné qu’elle avait hérité de ses ancêtres, c’est sa nature éternellement avide de nouvelles impressions. Mais il est hors de doute aussi que George Sand eût pu se dire ce que sa célèbre amie Mme Dorval disait d’elle-même : « Est-ce que ce sont les sens qui entraînent ? Non, c’est la soif de tout autre chose. C’est la rage de trouver l’amour vrai qui appelle et fui toujours[1]. »

Mais George Sand eût-elle été possible sans tous ses romans vécus ? Serait-elle un de ces esprits éminents dans la série des phénomènes de l’ordre spirituel, si l’on rejetait de l’histoire du développement de son âme tous ses entraînements, toutes ses chutes, ses désespoirs, ses élans et ses repentirs ? Nous ne le croyons pas.

Peut-être George Sand n’a-t-elle aimé personne aussi passionnément, qu’elle a aimé Alfred de Musset ; d’autre part elle n’a été aimée aussi sincèrement par personne que par Alfred de Musset. Cependant ce mutuel amour a-t-il apporté autre chose que chagrin et souffrance dans la vie de l’un et de l’autre ? Cette triste histoire a déjà été racontée mille fois sérieusement et ironiquement, avec calme ou avec rage, le fiel à la bouche, par des amis ou des ennemis, en vers et en prose, simplement ou dans des œuvres d’imagination plus fictives que réelles. Sans parler des comptes rendus de cet épisode, insérés dans tous les cours de

  1. Histoire de ma Vie, IV, p. 224.