Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/247

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Voilà l’art, et l’art humain n’est qu’un rayonnement de l’art, si on peut le dire, de Dieu même[1]. »

La seconde sphère de l’activité de l’homme — activité créatrice répondant au sentiment, et ayant son prototype dans l’activité du Créateur — serait donc l’Art. L’Art comme imitation de l’activité du Créateur doit, nous l’avons vu, réunir dans ce qu’il crée le vrai et le beau ; il ne peut et ne doit donner la vérité pure et abstraite, mais doit se contenter de nous l’exprimer en une forme vive, concrète et belle. Inversement, une forme qui n’est pas l’incarnation d’une idée sublime et vraie, ne peut pas être de l’art ; ce n’en est qu’une imitation sans vie, ce n’est que lettre morte sans l’esprit qui vivifie. « L’art pour l’art est donc une absurdité ! Le perfectionnement de l’être dont il manifeste le progrès en est le but[2]. » L’art pour l’art n’a aucun droit à s’appeler « art », il ne porte en lui ni le sens ni la force de la vie, c’est une fleur stérile qui ne laisse après elle aucune trace. Le véritable art, c’est celui qui se tient au faîte des croyances, des connaissances, des idées et des acquisitions de l’esprit humain de son temps, qui en est pénétré, en un mot, qui est l’incarnation de la vérité en tant qu’elle est connue à l’époque donnée. Par conséquent il doit servir à exprimer les meilleures, les plus hautes tendances de l’époque. Mais l’art ne peut non plus jamais descendre jusqu’à une simple prédication, à un simple exposé de ces idées qui ne seraient pas dans la forme du beau. Ce n’est pas là sa sphère. « Or, les idées et leurs rapports purement intellectuels ne sont point du domaine de l’art. L’art implique l’idée, il est vrai, mais

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