Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/279

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cœur détaché des faux biens et des chimériques grandeurs ! Qu’il arrache de mon front flétri cette couronne de fleurs et d’épines que la vaine approbation et la haine insensée y ont mise malgré moi. Qu’il en ceigne la tête blonde de quelque jeune Tébaldéo ou le crâne ambitieux de quelque frère de Corinne. Je n’ai point cherché cette couronne et ses parfums m’ont semblé moins doux que ceux de la moindre fleurette ignorée au fond des vallées. Je ne suis pas orgueilleuse non plus du sang que ses épines m’ont fait répandre et dont sa blancheur a été souillée. Les stigmates du triomphe m’ont appris qu’il y avait des envieux et que l’on pouvait être persécuté par ceux à qui on n’avait jamais souhaité de mal… Ce que j’ai toujours demandé au ciel avec instance, ce que j’ai toujours cherché sur la terre, ce que je reprocherai éternellement à mon destin de ne m’avoir pas donné, c’est un cœur semblable au mien, c’est une âme identique à la mienne, où je puisse verser toutes mes affections, concentrer tous mes désirs, résumer toutes mes joies. Qu’on me donne cet être et que ce soit toi ; qu’on fasse que l’éclat passager que nous avons jeté autour de nous n’ait jamais existé… »

« … Toujours, hommes de gloire, vous aimerez l’action ; toujours, hommes de rêverie, nous aimerons le silence !… »

Cette page pourrait être ajoutée à la sixième Lettre d’un Voyageur, et pas un mot, pas une nuance de pensée n’en altérerait l’impression d’ensemble.

Voici encore quelques fragments de phrases : « … Quand je t’attendais à Genève, à Lyon, à Nevers, à Orléans !… » Par la lettre à Girerd du 15 août 1836, nous savons qu’au cours du voyage que George Sand fit à Genève, en l’automne de cette année, elle devait passer par Nevers, et par ses carnets de voyages et les lettres écrites en route à sa