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1 200 francs de rente. Ayant remarqué qu’il était devenu très soucieux, Aurore se mit à le questionner, et ayant appris que c’était pour une question de dettes qu’il s’inquiétait, elle lui céda un coupon de ses rentes patrimoniales. Il en fut enchanté. Néanmoins, Aurore commença à s’inquiéter pour la fortune de ses enfants… « S’il ne prend pas un parti décisif, écrit-elle à Hippolyte dans une lettre inédite de janvier 1835, il sera forcé de me ruiner avant dix ans, car il n’a pas de tête et rien de ce qu’il fait ne réussit. Il y a trois ans il avait décrété que je devais demander l’aumône ou faire des dettes. Depuis ce temps j’ai acquis 15 à 20 000 francs de rente par mon travail et je n’ai pas contracté de dettes[1]. Tandis qu’il est arrivé, Dieu sait comment, à se trouver en face d’une dette de 20 000 francs et d’un commencement de ruine… » Hippolyte et leurs autres amis conseillèrent alors aux deux époux d’effectuer une séparation de biens. Casimir accepta avec plaisir, il s’ennuyait à Nohant, se sentait incapable de le gérer et aurait voulu s’installer à Paris en garçon. Aurore, de son côté, avait beaucoup de peine à vivre, quoiqu’elle travaillât énormément. C’est ainsi qu’en 1835, d’un commun accord, un contrat fut passé entre les époux, stipulant formellement une séparation de corps et de biens. Les enfants devaient être partagés entre les parents. Nohant fut attribué à Aurore, et l’Hôtel de Narbonne à Casimir ; Solange devait être confiée à sa mère, et Maurice, jusqu’à la fin de ses études, devait passer un mois de ses vacances auprès de sa mère et l’autre chez son père. Aurore se chargeait de payer à son mari 3 800 francs annuellement, ce qui, avec

  1. Elle voulait sans doute dire par là qu’elle gagnait de 15 à 20 000 francs par an, et qu’elle pouvait dépenser ce produit annuel de son travail sans toucher à son capital.