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On nous fait gravir une rue à pic, et l’hôtesse de la maison indiquée nous déclare que Liszt est en Angleterre.

— Voilà une femme qui radote, dit un autre passant. M. Liszt est un musicien du théâtre ; il faut aller le demander au régisseur.

— Pourquoi non ? dit le légitimiste[1]. Et il va trouver le régisseur. Celui-ci déclare que Liszt est à Paris. — Sans doute, lui fais-je avec colère, il est allé s’engager comme flageolet dans l’orchestre Musard, n’est-ce pas ?

— Pourquoi non ? — dit le régisseur.

— Voici la porte du Casino, dit je ne sais qui. Toutes les demoiselles qui prennent des leçons de musique, connaissent M. Liszt.

— J’ai envie d’aller parler à celle qui sort maintenant avec un cahier sous le bras, dit mon compagnon.

— Et pourquoi non ? d’autant plus qu’elle est jolie.

Le légitimiste fait trois saluts à la française, et demande l’adresse de Liszt dans les termes les plus convenables. La jeune personne rougit, baisse les yeux, et avec un soupir étouffé répond que M. Liszt est en Italie.

— Qu’il soit au diable ! Je vais dormir dans la première auberge venue ; qu’il me cherche à son tour.

À l’auberge on m’apporte bientôt une lettre de sa sœur[2].

« Nous t’avons attendu, tu n’es pas exact, tu nous ennuies. Cherche-nous ! nous sommes partis.

« Arabella. »

P.-S. — « Vois le major, et viens avec lui nous trouver. »

  1. M. Gustave de Gévaudan. George Sand dit dans cette même Lettre avoir rencontré en route encore un autre « vieil ami » qu’elle avait connu « dans un temps orageux de sa vie ». C’était M. Blavoyer, rencontré jadis par elle au Mont-Dore et à Venise.
  2. C’est-à-dire de la comtesse d’Agoult, que dans sa correspondance