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Grzymala ; Mesdames Marliani et Allart, etc., etc. Voici comment George Sand décrit cet essai de phalanstère artistique, rue Laffitte : « À l’Hôtel de France, où Mme d’Agoult m’avait décidé à demeurer près d’elle, les conditions d’existence étaient charmantes pour quelques jours. Elle recevait beaucoup de littérateurs, d’artistes et quelques hommes du monde intelligents. C’est chez elle ou par elle que je fis connaissance avec Eugène Sue, le baron d’Eckstein, Chopin, Mickiewicz, Nourrit, Victor Schœlcher, etc. Mes amis devinrent aussi les siens. Elle connaissait de son côté M. Lamennais, Pierre Leroux, Henri Heine, etc. Son salon improvisé dans une auberge était donc une réunion d’élite, qu’elle présidait avec une grâce exquise et où elle se trouvait à la hauteur de toutes les spécialités éminentes par l’étendue de son esprit et la variété de ses facultés à la fois poétiques et sérieuses.

« On faisait là d’admirable musique, et, dans l’intervalle, on pouvait s’instruire en écoutant causer. Elle voyait aussi Mme Marliani, notre amie commune, tête passionnée, cœur maternel, destinée malheureuse, parce qu’elle voulut trop faire plier la vie réelle devant l’idéal de son imagination et les exigences de sa sensibilité… »

Dans une lettre inédite du 20 décembre 1836 à Scipion du Roure, jeune avocat qu’elle ne connaissait pas encore personnellement, mais qu’elle avait pris en affection pour l’amitié qu’il lui avait témoignée, — qui faillirent devenir de l’adoration, ce dont George Sand s’était tant soit peu moquée, quoique de son côté elle lui eût proposé pour lier connaissance, de se voir au jardin du Luxembourg et de « se deviner » (!) — dans une lettre à ce M. du Roure, George Sand écrit donc :

« Jeudi nous avons notre soirée avec Liszt au piano.