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Tout cela confirme ce que George Sand nous dit dans l’Histoire de ma Vie, qu’elle avait fait la connaissance de Chopin par la comtesse d’Agoult et Liszt, et nous explique pourquoi celui-ci commence dans sa Vie de Chopin le chapitre sur George Sand par les mots : « En 1836, George Sand avait déjà écrit », etc. Il est fort probable que Chopin assista avec George Sand en 1837 à une soirée ou à une matinée musicale chez le marquis de Custine, mais il est incontestable aussi que ce n’était pas là leur première entrevue et qu’ils se connaissaient déjà depuis 1836, grâce à Liszt. Les pages poétiques souvent citées de son livre sur Chopin, dans lesquelles Liszt décrit les soirées musicales chez Chopin pour un petit cercle d’intimes et d’élus : George Sand, Meyerbeer, Heine, Mickiewicz, Niemcewiez, Lamennais, la comtesse d’Agoult, Liszt lui-même, et quelques autres amis, de même que les éloquentes pages de Heine écrites sous l’impression du jeu de Chopin[1] au printemps de 1837, se rapportent évidemment à ces soirées de l’hiver de 1836-1837.

Au commencement de janvier 1837, George Sand se rendit à Nohant avec sa fille et son fils, qu’il avait fallu, malgré la résistance qu’y opposait M. Dudevant, retirer du collège pour cause de maladie. La famille Fellows devait suivre à Nohant les Piffoëls.

Et comme Mme d’Agoult, à Genève et à Paris, avait tenu à bien recevoir et à bien loger George Sand, celle-ci de son côté se donnait toutes les peines pour installer dignement son élégante amie. Elle lui préparait d’avance sa chambre, la tendait de papier neuf, arrangeait et recollait un devant de cheminée, y suspendait même le portrait de

  1. Henri Heine. Lutelia. « Ueber die französische Bühne. » Vertraute Briefe an August Levald, N° x.