Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/413

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rien produire. Le seul pilote qui eût pu les rassembler leur aura retiré son appui et les laissera plus tristes, plus désunis et plus découragés que jamais.

« Si Franz a sur lui de l’influence, qu’il le conjure de bien connaître et de bien apprécier l’étendue du mandat que Dieu lui a confié. Les hommes comme lui font les religions et ne les acceptent pas. C’est là leur devoir. Ils n’appartiennent point au passé. Ils ont un pas à faire faire à l’humanité. L’humilité d’esprit, le scrupule, l’orthodoxie sont des vertus de moine que Dieu défend aux réformateurs. Si l’œuvre que je rêve pour lui peut s’accomplir, c’est vous qui serez obligée de vous joindre à son bataillon sacré. Vous avez l’intelligence plus mâle que bien des hommes, vous pouvez être un flambeau pur et brillant !!… »

Mais, dès que Lamennais eut l’idée de fonder un journal, le Monde, George Sand y participa immédiatement et, quoiqu’on y travaillât quelque peu pour le roi de Prusse, elle ne fut pas tentée par les propositions avantageuses qui lui furent faites par le Journal des Débats, et aussi longtemps qu’elle se sentit utile au journal de Lamennais, elle resta sa collaboratrice. Elle écrivit, en réponse à Jules Janin qui s’était adressé à elle au nom du Journal des Débats :

« Je ne travaille pas dans le Monde, je ne suis l’associée de personne. Associée de l’abbé de Lamennais est un titre et un honneur qui ne peuvent m’aller. Je suis son dévoué serviteur. Il est si bon et je l’aime tant, que je lui donnerai autant de mon sang et de mon encre qu’il m’en demandera. Mais il ne m’en demandera guère, car il n’a pas besoin de moi. Dieu merci. Je n’ai pas l’outrecuidance de croire que je le sers autrement que pour donner, par mon babil frivole, quelques abonnés à son journal, lequel