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« Écris-moi à Nohant. Je te tiendrai au courant de ce que je fais. »


Et à Duteil elle écrit de Fontainebleau le 1er  août.

« Michel est venu en mon absence. Il a passé une heure à Nohant et la journée à Ars. Est-il venu pour moi ou pour tâter la députation à La Châtre[1] ? Il ne faut pas flairer les choses de trop près. De ce côté-là, du moins, mon esprit est bien portant. Michel n’a pas de chances à La Châtre, on dit qu’on le porte à Niort. Est-ce vrai ? Je crains que cela ne lui passe devant le nez encore une fois. Le vent ne souffle pas de ce côté.

« Adieu ! Adieu ! »


Mais un peu plus tard, elle dit de nouveau à Girerd :

« Je reçois en même temps une lettre de Duplan qui m’apprend que Michel est près de toi ! Vous avez causé, vous vous êtes dit tout ce que vous aviez à dire. Tu n’as pas pu mal dire et mal faire. Tout ce qui part d’un cœur comme le tien, doit être vrai, généreux et juste. Je suis donc bien tranquille. Tu n’as pas abandonné ma cause, j’en suis sûre, et tu connais trop le fond de mon âme pour ne pas m’avoir défendue éloquemment. D’ailleurs, qu’importe à présent ! Je ne puis plus désirer que ce lien terrible soit renoué ! Je ne le désire plus, je ne le peux plus, je ne le veux plus.

« Peut-être un jour viendra, où Michel sentira qu’il a brisé durement le cœur le plus dévoué qui ait jamais battu pour lui. Si ce jour vient et que mon amitié lui soit désirable, il

  1. Il est fort probable que Michel s’y rendit tout autant pour voir le fils de George Sand, que pour tâter Gustave Papet au sujet des élections.