Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/456

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êtes bien paresseuse. Pour moi, il y a longtemps que je t’aurais écrit, sans la corvée de Mauprat, et mes enfants malades, chacun à son tour. Solange m’a beaucoup inquiétée. Elle a eu la petite vérole volante, qui est une assez laide et une assez rude maladie. J’ai même craint pour ses belles joues, tant l’éruption était forte. Mais heureusement, il n’y paraît pas ; les roses et les lys ont refleuri sur son visage. Elle est gaie, folle, fantasque, aimable et détestable au suprême degré.

« Maurice, après avoir été très bien pendant six semaines, est redevenu chétif depuis quelques jours. C’est un bon enfant. Ma vie se partage entre eux deux, et le vieux époux, que je vois de temps en temps, et près de qui je vais passer quelques heures à des intervalles assez éloignés. Le cours ordinaire du temps s’écoule dans ma chambre depuis que j’ai quitté Paris, et maintenant elle est bruyante comme une classe. On y braille des leçons de latin et d’anglais toute la journée, tandis que je dors, car, selon ma coutume, je me couche au grand jour, et quelquefois je m’éveille en sursaut, au régime direct, ou bien j’entends dans les nuages du sommeil, des voix fantastiques, qui conjuguent en chœur des verbes réfléchis. »

Il semble qu’outre Maurice et Solange, ce sont les enfants de Pierre Leroux, que George Sand voulait encore adopter, vu la position pécuniaire très pénible où se trouvait alors Leroux[1], qui faisaient les voix de ce chœur. Ce projet n’eut pourtant pas de suite. George Sand avait d’ailleurs bien assez à faire avec ses propres enfants. Il paraît qu’il n’était pas facile de venir à bout de Solange, et Maurice, que sa mère gâtait beaucoup, ne manifestait de goût que

  1. Correspondance, t. II, p. 94.