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M. Dudevant, qui devait se rendre à Paris en l’absence de George Sand — « d’enlever toutes les hardes d’Alfred de Musset qui ont pu rester dans sa chambre ». Dans une autre lettre, du 6 avril, elle le prie de donner la clef de sa chambre à Musset, revenu à Paris et qui voulait y prendre quelques effets à lui, des tableaux, des livres, etc. On voit, par là, qu’ils habitaient ensemble le quai Malaquais dans l’automne de 1833, et le petit logement était un vrai petit nid d’amoureux. Paul de Musset, lui-même, n’a pu trouver autre chose à dire sur cette lune de miel que de proclamer bien haut qu’il régnait dans le jeune ménage, non seulement le bonheur, mais encore une folle gaîté, une joie exubérante. Tantôt, c’étaient des mascarades spontanées ; tantôt, dans ce cercle d’intimes, on mystifiait, d’un commun accord, l’un ou l’autre des amis et des connaissances par des représentations improvisées. Debureau, le Pierrot bien connu d’un petit théâtre, talent primesautier et vraie nature d’artiste, prit, même une fois, part à ces divertissements. George Sand lui a consacré quelques lignes touchantes dans l’Histoire de ma Vie, et, après sa mort, elle publia, sur lui, dans le Constitutionnel (1846), un petit article, réimprimé ensuite dans la collection complète de ses œuvres[1]. Dans cet article, George Sand caractérise surtout Debureau comme une nature artistique et spontanée, une âme droite et franche. Un jour que Musset et George Sand s’étaient imaginé de mystifier M. Lerminier, le critique, Debureau lui fut présenté en qualité de diplomate anglais, et pendant tout le dîner, empesé et plein de morgue, il ne desserra pas les dents. Ce ne fut qu’à la fin d’une conversation sur la politique, qu’à l’ébahis-

  1. Voir : Questions d’art et de littérature.