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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T3.djvu/164

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ment, rien qu’un petit mot. Je m’en réjouirais comme d’une belle rose au milieu de l’hiver. Mille amitiés pour Maurice !

À vous de toute mon âme.

Joseph Dessauer.
Gratz, 30 novembre 1854.


Ces lettres n’étaient toutefois connues, pour le moment, que de leurs deux auteurs respectifs et dans son Histoire qui paraissait justement alors dans la Presse (du 5 octobre 1854 au 14 août 1855). George Sand se borna à dire en note aux pages où elle parlait de son amitié pour Dessauer, en le nommant un artiste éminent, un caractère pur et digne :

« Henri Heine m’a prêté contre lui des sentiments inouïs. Le génie a ses rêves de malade[1]. »

L’Histoire de ma vie se traduisait et s’imprimait en Allemagne[2], au fur et à mesure de sa publication dans la Presse, de sorte que dès l’été de 1855 Dessauer pouvait lire ces lignes et se calmer définitivement par rapport à la manière dont Mme Sand prit cette calomnie. Toutefois, son ami le comte Auersperg[3], qui le rencontra à Gratz un peu auparavant, à l’époque du choléra viennois de 1854, dit dans une lettre à son ami intime, le poète Frankl, qu’il fut très heureux de retrouver Dessauer, mais que ce dernier, « malade et se plaignant comme à l’ordinaire, fut cette fois plus que jamais énervé par les animosités enfiélées de Heine. Je fis tous mes efforts pour calmer à ce propos son âme inquiète et alarmée. Les nouvelles œuvres de Heine, quoiqu’on admirât cette force d’esprit méprisant toutes les tortures mortelles, produisent néanmoins sur moi une impression fort pénible. Au moment qui, d’après nos

  1. Histoire de ma vie, t. IV, p. 460.
  2. Mme Charlotte Glummer fit paraître une traduction complète de cette œuvre, en douze volumes, en 1854-1856.
  3. Le comte Alexandre-Antoine Auersperg, l’un des poètes les plus connus de l’Allemagne du dix-neuvième siècle, sous le pseudonyme d’Anastasius Grün, fut en même temps l’un des plus nobles champions du mouvement libéral autrichien ; il prit une part active à la révolution viennoise de 1848, et servit sa patrie jusqu’à sa mort, en sa triple qualité d’homme d’État, de poète et de publiciste. Il naquit le 11 avril 1806 à Laibach et mourut le 12 septembre 1876 à Gratz.