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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T3.djvu/256

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ses articles, la vraie raison qui poussa l’abbé à écrire à Mme Sand fut sans doute la crainte que d’aimables bavards et rapporteurs ne « transmettent » certaines de ses causeries et de ses mots, de manière à fâcher Mme Sand et à lui faire retirer son amitié.

Nous donnerons plus loin la première moitié de cette lettre de Leroux, qui a trait à toutes sortes d’affaires littéraires et. pécuniaires, citons d’abord la seconde :

… J’ai aujourd’hui le cœur un peu plus ulcéré que d’habitude. Dois-je vous dire pourquoi ? Oui, il faut que je vous le dise ; car il faut bien que vous sachiez comme moi où sont vos amis, où sont vos ennemis. J’ai été hier à Sainte-Pélagie. J’avais envoyé la veille mon petit livre à M. de Lamennais. Vous savez qu’il m’a refusé itérativement une permission pour le voir. Je ne l’ai donc pas vu, mais j’ai su ce qu’il disait, et du petit livre, et de moi, et de vous, et de nos amis. Il dit que le petit livre (c’est par là qu’il faut commencer, puisque c’a été l’occasion) est profondément immoral, que c’est du Rétif la Bretonne, qu’au surplus, c’est dans Rétif que j’ai trouvé ce que j’ai écrit ; il paraît confus et désolé des rapports qu’il a pu avoir avec moi. Quant à vous, il dit qu’il vous connaît à peine, qu’il a été une seule fois chez vous ; qu’à une certaine époque, comme vous étiez fort triste et agitée, vous lui écrites que vous désiriez vous retirer dans quelque village auprès de la Chesnaye, et qu’il vous a offert sa maison, mais que bien heureusement vous ne vîntes pas. Il dit qu’à l’exception de sa visite chez vous, il vous a vue chez Mme Marliani. Mais c’est notre amie Charlotte qu’il drape par-dessus tout. Il reconnaît qu’elle s’est empressée à faire toutes les œuvres de charité qu’il lui a indiquées ; mais c’est, dit-il, qu’elle a besoin de mouvement. Sa maison est une maison de corruption. Il s’est aperçu, à la fin, qu’on l’exploitait dans ce monde-là, et il s’en est retiré. Il ajoute ensuite une multitude de choses à propos de Mme d’Agoult. Puis il revient de fulminer contre les docteurs de corruption…

Chère amie, j’ai pensé beaucoup cette nuit à l’aveuglement de ce grand enfant qu’on appelle Lamennais. Le voilà donc encore qui subit une métamorphose ! Que va-t-il devenir ? Il y a longtemps que j’ai dit : C’est le dernier prêtre chrétien. Je suis maintenant prêt à ajouter : et ce n’est rien autre chose.

Je ne vous aurais pas écrit ces détails, si je ne savais pas votre force. C’est Thoré et les autres prisonniers politiques qui voient M. de Lamennais, qui me les ont racontés. Ils Font fait dans la confiance que M. de Lamennais ignorait leurs indiscrétions relativement à ses épan-