qui commençait alors sa carrière de poète et voulait visiter la grande romancière dans sa propriété berrichonne) — Leroux s’exprime encore ainsi :
Que vous dirai-je maintenant, moi muet avec vous comme si je n’existais pas ? Viardot a pu vous dire que je vous avais écrit et que je n’ai pas voulu lui remettre la lettre. Maurice est venu et je ne l’ai chargé d’aucune missive pour vous. D’où vient cela ? Par la même raison qui m’a rendu muet jusqu’ici, je ne puis vous expliquer mon mutisme. Il me faudrait trop de pages pour cela. Je meurs accablé de difficultés misérables…[1]. J’ai fait encore un effort ; je ne sais s’il réussira. Je me fais éditeur de petits livres. Je vous envoie le premier. Puisse-t-il vous plaire ! Je vous envoie aussi une lettre du jeune Desages.
(La lettre se termine par la prière d’aider ce jeune homme ou plutôt de F encourager à faire son droit, par l’annonce du départ de Mme Marliani pour la Normandie et par des saints habituels à Chopin et à Maurice.)
Trois jours plus tard, le 8 septembre 1841, Leroux écrit encore à Mme Sand :
J’ai remis il y a trois jours à un voyageur, qui va dans vos régions visiter un de ses amis et qui doit vous être présenté par cet ami, une lettre et un petit volume pour vous. Ce voyageur est un poète, dont vous avez déjà lu des vers, M. de Laprade…
Craignant que M. de Laprade n’eût pas été faire sa visite à Nohant dès son arrivée et que par conséquent Mme Sand ne reçût pas le petit livre, dont les journaux parlaient déjà, Leroux le lui envoya par la poste afin que ce retard ne la fâchât point après un si long silence :
Ma peur vous coûtera le port de ce paquet. Ayez donc la bonté de le faire retirer au bureau de la Châtre, s’il ne vous est pas envoyé. Quant aux livres, vous en ferez ce que vous voudrez ou ce que vous pourrez. J’imagine pourtant qu’il pourrait être bon de les faire lire aux femmes. Je commence parfois à être de l’avis de notre amie, Mme Marliani, que le salut du monde ne peut se faire que par les femmes. Vous verrez
- ↑ Des points… dans la lettre autographe.