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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T3.djvu/336

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Madame,

Béranger vous a donné connaissance du legs de M. Chopin en ma faveur et aussi sa destination. Béranger s’est trompé, s’il a pensé que je lui demandais une préface. C’était seulement quelques pages de sa main et son nom au bas que je désirais, sachant bien que vous seule me deviez donner cette marque d’amitié. J’en ai parlé souvent à Chopin dans mes lettres ; il en était si content, vu l’estime qu’il vous portait, qu’il n’a pu quitter ce monde sans avoir assuré la réussite de la réimpression de mes poésies avec une préface de vous, et je vous remercie, madame, de persévérer dans le dessein de me la faire, car Béranger et MM. Egger et Robert, qui vous ont été voir à ce sujet, m’ont tous assuré que vous étiez dans les meilleures dispositions pour moi, et vous en suis bien reconnaissant, car nous autres, pauvres petits, petits, on ne nous verrait jamais si ceux qui, comme vous, madame, sont si grands et si forts, ne prenaient la peine de nous soulever un peu pour nous faire remarquer.

Béranger a vu M. Perrotin, mais il ne veut éditer, et encore à votre prière, que Poncy. J’osais compter sur lui, surtout en payant les frais d’impression, et j’avais tort.

Où maintenant en trouver un éditeur qui soit… honnête ? il doit y en avoir encore ; le tout, c’est de bien tomber, et c’est encore à vous à qui je demande ce renseignement. Gilland vous montrera la lettre de Béranger et vous verrez son avis sur le sujet d’une nouvelle souscription. Gilland m’écrira ce que vous pensez sur tout cela ; il serait à souhaiter pour moi et aussi pour Gilland qu’un peu de réussite nous vienne en aide, et cette réussite je l’espère, puisque vous-même vous voudrez bien y contribuer par votre talent. Ma femme vous fait mille compliments et moi je suis votre bien reconnaissant serviteur.

Magu.


Ma chère dame,

J’aurais bien voulu pouvoir vous voir avant votre départ de Paris, pour vous remercier de vive voix de l’envoi du volume de poésie de Poncy, qui m’a vivement intéressé et qui mérite les éloges qui se lisent dans la préface si intéressante dont vous avez bien voulu enrichir son œuvre.

Combien je vous suis reconnaissant, ma chère dame, de vouloir bien aussi vous occuper encore de moi ; je sais combien le temps vous est précieux et que c’est un grand sacrifice que vous vous imposez de vous occuper de choses aussi futiles que mes poésies, mais vous