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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T3.djvu/518

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son cœur est toujours avec vous et à toute heure il se tourmente et s’élance vers sa chère famille…

Presque à la même date, Mme Sand disait à M. Alexandre Thies, dans sa lettre du 25 mars 1845 :

Monsieur,

Nous sommes bien coupables envers vous, moi surtout ; car lui (Chopin) écrit si peu et il a tant d’excuses dans son état continuel de fatigue et de souffrance, que vous devez lui pardonner. J’espérais toujours l’amener à vous écrire, mais je n’ai eu que des résolutions et des promesses, et je prends le parti de commencer, sauf à ne pas obtenir, entre sa toux et ses leçons, un instant de repos et de calme. C’est vous dire que sa santé est toujours aussi chancelante. Depuis les grands froids qu’il a fait ici, il a été surtout accablé ; j’en suis presque toujours malade aussi et aujourd’hui je vous écris avec un reste de fièvre[1].

Quoique la plus grande partie de l’été de 1845 ait été, comme nous savons, horriblement pluvieuse, Chopin se sentit bien mieux, tellement mieux, que George Sand put écrire, en novembre de cette année, à Mme Marliani :

… Chopin est assez bien portant, dormant, mangeant, et n’ayant pas eu d’indisposition de tout l’été, mais s’affectant toujours, comme font tous les hommes maladifs, et s’enterrant d’avance à tout instant, avec un certain plaisir. Il lui faudrait aussi des distractions, à lui mais il ne sait pas être seul et je ne peux pas toujours vivre à Paris. Papet l’a examiné, palpé, ausculté, encore cette année, avec la plus grande attention. Il a trouvé tous ses organes parfaitement sains, mais il le croit porté à l’hypocondrie et destiné à s’alarmer toujours, jusqu’à ce qu’il ait pris quarante ans et que ses nerfs aient perdu leur sensibilité excessive…[2].

Et à la sœur de Chopin elle écrit :

Notre cher Frédéric ne va pas mal, et l’automne est superbe, après ce déplorable été, qu’il a portant supporté assez bien[3].

  1. Cette lettre est imprimée par Niecks dans l’Appendice, au tome II de son livre. Elle manque dans la Correspondance de George Sand.
  2. Inédite.
  3. Pamiatki po Chopinie, p. 223. Cette lettre, imprimée sous le numéro 10.