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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T3.djvu/575

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transformée à son tour et fait entrer un peu d’idéal non pas seulement dans les petits faits, mais dans les grands sentiments de la vie réelle ».

Nous confessons que les brèves indications précises sur la naissance et l’évolution du « théâtre de Nohant » que renferme cette préface, nous intéressent bien plus que les réflexions abstraites de George Sand sur l’influence respective de la fantaisie sur la vie réelle. On peut aussi suivre pas à pas cette évolution de l’art dramatique au château Sand, se rendre compte du répertoire successif de cette scène, et enfin admirer les portraits des acteurs dans leurs costumes divers, en feuilletant les deux albums d’aquarelles de Maurice Sand conservés à Nohant. Nous y découvrons entre autres que dans les commencements Mme Sand prenait souvent part aux représentations ; c’était elle qui remplissait les rôles que les jeunes acteurs appréhendaient d’aborder, généralement des rôles masculins très dramatiques, c’est ainsi qu’elle joua Don Juan. Elle prit aussi part aux représentations du mélodrame émouvant auquel Chopin fait allusion dans sa lettre : la Caverne ou la Taverne du crime, lorsqu’il fut joué aux fêtes de Noël de 1846-1847 et redonné au réveillon de 1848, le 31 décembre 1847. Plus tard, pour mettre en scène des pièces de cape et d’épée dans le genre de la Taverne, la petite troupe de Nohant se trouva souvent ne pas être assez nombreuse : on invita alors des amis de la Châtre à venir s’essayer dans certains emplois. Ce furent d’abord les familles Dutheil et Duvernet qui partagèrent les lauriers dramatiques des Sand. Lorsqu’une pareille « tournée artistique » des Coquelin lachâtrois était réclamée à Nohant, on leur expédiait l’affiche avec la recommandation expresse d’apporter avec eux tels objets ou costumes qui étaient nécessaires au vestiaire théâtral. Il n’y a, pour s’en convaincre, qu’à jeter les yeux sur la deuxième page de l’affiche annonçant la « Rereprésentation de l’Oberge du Querime » pour le 31 décembre 1847, affiche rédigée en une orthographe fantaisiste des plus drôles.

Le Château des Désertes qui nous raconte les tout premiers