grande romancière une lettre pleine d’enthousiasme, d’emphase… et de fautes d’orthographe, lui demandant la permission de lui dédier sa statue de la Mélancolie, lui exprimant sa gratitude pour le « bonheur qu’elle lui avait procuré » par ses chefs-d’œuvre littéraires[1]. En février 1847, Clésinger exécuta les bustes de Mme Sand et de sa fille : il paraît qu’il s’éprit subitement de cette jeune personne, et qu’elle aussi « reçut le coup de foudre[2] ». De sorte que lorsqu’il fallut signer le contrat avec M. Fernand des Préaulx, Solange refusa. On annonça que le mariage « était remis à un peu plus tard », et dès les premiers jours de Pâques toute la partie féminine de la famille Sand revint précipitamment à Nohant. Chopin, resté à Paris, parle de tous ces événements dans une longue lettre à ses parents. (Il faut remarquer que cette lettre fut commencée un jour de la semaine sainte, — le dimanche de Pâques tombant cette année le 4 avril, — que Chopin la continua une semaine après, puis la reprit encore trois jours plus tard, qu’il récrivit le 15, le 18 avril et qu’il ne la termina enfin que le 19 avril 1847. Ceci montre assez clairement que lorsque Chopin écrivait cette lettre et lorsqu’il avait tant à communiquer à sa famille, il était tourmenté, agacé.)
Depuis deux mois Mme S[and] est ici, mais aussitôt après les fêtes, elle retournera à Nohant, Sol. ne se marie pas encore, et quand ils sont tous arrivés à Paris pour faire le contrat, elle n’en a plus voulu. Je le regrette et je plains le jeune homme, qui est très honnête et très épris ; mais il vaut mieux que cela soit arrivé avant le mariage qu’après. Soi-disant, c’est remis à plus tard, mais je sais ce qui en est. Vous me demandez ce que je pense faire pour l’été : rien d’autre que toujours. J’irai à Nohant dès qu’il commencera à faire chaud ; en attendant, je reste ici pour donner, chez moi comme toujours, une quantité de leçons peu fatigantes… Cette année, mes crises (pour ne pas dire
- ↑ Cette lettre de Clésinger fut publiée par M. Rocheblave dans la Revue des Deux Mondes (mars 1905, George Sand et sa fille).
- ↑ Selon l’expression du même auteur.
par être « fourrier » dans un régiment de cuirassiers, puis prit sa retraite, se fit sculpteur et acquit une grande célébrité dans cette carrière. Ses œuvres les plus connues sont : la Femme piquée du serpent, le monument de Chopin et les statues de Marceau et de George Sand.