Nous sommes arrivés… Dis à Chopin que nous nous portons bien, que nous avons fait bon voyage, que je l’embrasse…[1]. Le lendemain elle envoie également son bulletin à Chopin qui l’en remercie comme toujours par un de ses billets familiers, brefs, mais pleins de sollicitude pour toute la maisonnée.
Merci pour vos bonnes nouvelles. Je les ai communiquées à Maurice, qui doit vous écrire. Il va bien, moi aussi. Tout est ici comme vous l’avez quitté. Pas de violettes, pas de jonquilles, pas de narcisses dans le petit jardin. On a emporté vos fleurs, on a descendu vos rideaux, voilà tout. Soyez heureuse, bien disposée, soignez-vous et un petit mot de tout cela quand vous pourrez. Votre dévoué.
À la jeunesse.
Mais voici que moins d’une semaine plus tard, le 16 avril, Mme Sand écrit tout d’un coup à son fils que comme un deus ex machina Clésinger est apparu à la Châtre, qu’il a exigé une réponse catégorique et que Solange a dit oui… Mme Sand ajoute que le sculpteur est « un vrai forcené », qu’il ne mange, ni ne dort, tant qu’il ne parvient pas à ses fins et que son énergie vient à bout de tous les obstacles. À la fin de cette lettre nous lisons toutefois une phrase absolument en désaccord avec la franchise accoutumée de George Sand, une phrase qui nous rend tout perplexe et qui, selon nous est, à elle seule, plus néfaste dans la question de la rupture avec Chopin que tous les accidents réellement arrivés ou simplement inventés par messieurs les biographes :
Pas un mot de tout cela à Chopin, cela ne le regarde pas et quand le Rubicon est passé, les si et les mais ne font que du mal.