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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T3.djvu/621

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répondu, on ne manquerait pas de dire que vous prenez le parti de la fille contre la mère. » Vous voyez que ce n’est ni la conduite, ni le langage d’un ennemi. Je crains qu’il n’y ait eu entre vous le souffle de méchantes bouches, que Dieu vous en garde ! J’achève en vous témoignant l’espoir et le désir de vous voir à Paris dans le cours d’avril. Si vous y étiez à cette époque, ne pourrons-nous prendre tous ensemble une semaine ou la moitié d’une pour aller cueillir le lilas de Courtavenel ? Ce serait pour Pauline me charmante vacance entre sa saison d’hiver et sa saison d’été. À vous de cœur et d’âme.

Louis.


Et à présent, avant de conter l’épilogue, disons quelques mots des rapports ultérieurs de Mme Sand avec les deux autres personnages de cette lamentable histoire : Solange et Augustine.

L’enfant de Solange ne vécut qu’une semaine ; le 7 mars, on l’enterra[1]. Le chagrin de Solange réconcilia Mme Sand avec sa fille. Elle écrit à Mme Viardot le 17 mars 1848 de Nohant :

Mes chagrins personnels, qui étaient arrivés au dernier degré d’amertume, sont comme oubliés et suspendus. Ma pauvre fille a pourtant perdu son enfant ! Elle est malade, éloignée, et je ne sais si elle n’est pas malheureuse de tous points. Je lui pardonnerai autant que possible, si c’est en moi qu’elle cherche sa consolation…[2].

Mais quoique des relations d’abord épistolaires, puis personnelles se renouèrent, extérieurement pacifiques, et plus tard même extérieurement tendres, entre la mère et la fille, Mme Sand n’oublia jamais les événements de 1847, elle n’eut jamais plus de confiance en Solange, elle se méfia d’elle sous tous les rapports, surtout elle ne put jamais rester indifférente devant l’étonnante froideur de cette nature.

Au printemps de 1848, lorsque Solange revint à Paris et que George Sand y séjourna, participant à l’activité du gouvernement provisoire, elles se revirent : c’est justement à propos de ces entrevues et de ces visites que Mme Sand exprime sur

  1. V. la lettre de Solange à Mme Bascans du 7 mars 1848. « Ce soir, on enterre ma pauvre petite fille. » (Georeres d’Heylli, la Fille de George Sand, p. 63.)
  2. Inédite.