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parut déjà le 1er  décembre 1848 ! Donc, indépendamment des causes historico-littéraires universelles, nous devons reconnaître que les événements de 1848-49, l’effroi qu’ils produisirent et le désir d’oublier la sanglante actualité dans l’idylle champêtre, ne sont aucunement les vraies causes de la genèse de ces romans. S’il faut prendre au pied de la lettre les mots de la seconde préface de la Petite Fadette (que les horribles journées de juin 1848 et toute l’atmosphère de la guerre civile, avec ses haines universelles, éveillèrent chez l’auteur le désir de se plonger dans la vie douce, confiante et innocente des âmes simples et de n’être pour le lecteur rien qu’aimable, c’est-à-dire de ne lui conter que de douces et aimables histoires), il ne le faut que par rapport à ce roman même, et encore en ne donnant à cette influence des faits politiques non la valeur d’une cause, mais bien celle d’une occasion qui détermina la création de ce roman. N’oublions pas, non plus, que dans la première préface de la Petite Fadette, parue en décembre 1848, écrite en septembre de cette année et jamais réimprimée depuis en tête du roman[1], Mme Sand disait à son ami Rollinat qu’elle voulait, pour échapper à l’horrible réalité, « revenir à ses moutons, c’est-à-dire à ses bergeries », et écrire une histoire « pour faire suite avec la Mare au Diable et François Champi à une série de contes villageois que nous intitulerons classiquement les Veillées du chanvreur… ». Donc, trois de ces romans champêtres et toute une série d’études de mœurs berrichonnes furent écrits avant 1848 et sont organiquement liés, dans le passé, avec les soi-disant romans socialistes, et dans le prochain avenir, avec cette même Fadette.

Il y a plus, dans la préface du Champi (— le lecteur le verra tout à l’heure —) George Sand nous dévoile un autre motif, d’un ordre purement littéraire et philosophique, qui la guida dans le choix du sujet et de la forme de ses romans champêtres.

    au mien, dont la publication interrompue et retardée ne se compléta, s’il m’en souvient, qu’au bout d’un mois… »

  1. Elle ne fut publiée que dans l’édition in-18, parue en 1850, et puis réimprimée dans le volume des Questions d’art et de littérature sous le titre de « À propos de la Petite Fadette ».