comme tout ici, rappelle l’Afrique… Bref, une vie délicieuse[1] !
Mon cher Jules, va chez Pleyel, car le piano n’est pas encore arrivé. Par quelle voie l’a-t-on expédié ? Tu recevras bientôt les Préludes. Je vivrai probablement dans une ravissante chartreuse, dans le pays le plus beau du monde ; la mer, des montagnes, des palmiers, un cimetière, une église des Croisés, une ruine de mosquée, des oliviers millénaires !… À présent, cher ami, je jouis un peu plus de la vie ; je suis tout près de ce qui est le plus beau du monde, je suis un homme meilleur. Donne les lettres de mes parents à Grzymala, ainsi que tout ce que tu as à m’envoyer ; il connaît l’adresse la plus exacte. Embrasse Jeannot[2]. Comme il aurait guéri ici ! Fais savoir à Pleyel qu’il aura bientôt le manuscrit. Parle peu de moi aux connaissances. Je t’écrirai bientôt beaucoup… Dis que je reviendrai à la fin d’hiver. Le courrier ne part d’ici qu’une fois par semaine. Je t’écris par le consul français. Envoie la lettre ci-incluse, telle que, à mes parents. Porte-la toi-même à la poste. — Ton Chopin.
George Sand de son côté écrivait la veille, le 14 novembre, à Boucoiran[3] :
Bonjour, cher enfant, nous allons bien, nous sommes installés ici, enchantés du pays et très bien portants. Écrivez-nous et aimez-nous. Nous vous avons écrit de Port-Vendres, j’espère que vous avez reçu la lettre… Nous sommes sens dessus dessous, aujourd’hui nous faisons des emplettes et le courrier va partir…
Elle écrit à Mme Marliani, à la même date :
- Chère amie,
Je vous écris en courant ; je quitte la ville et vais m’installer à la campagne : j’ai une jolie maison meublée, avec jardin et site magni-
- ↑ Nous restituons le texte de cette lettre d’après Hœsick. Karasowski l’avait complètement dénaturée et changée dans son livre.
- ↑ Jean Matuszinski, l’un des trois amis les plus intimes de Chopin, médecin de profession. Chopin et lui occupèrent, pendant un certain temps, un appartement commun à Paris. Il mourut le 20 avril 1842.
- ↑ Inédite.