On sait que Bakounine revint en France dès que la République fut proclamée, mais il paraît que lui et Mme Sand se virent peu ou point : George Sand étant le 6 mars partie pour Nohant, y resta jusqu’au 20-21 ; Bakounine séjourna à Paris, notamment en mars, et le quitta peu après la journée du 17. Le révolutionnaire russe Golovine assure qu’au 17 mars, lors de la manifestation du prolétariat contre la garde nationale, Bakounine aurait marché à la tête d’une bande d’ouvriers. Herzen dit dans ses Souvenirs que Bakounine vivait en pleine tempête politique comme un poisson dans l’eau, conspirant, pérorant, haranguant les ouvriers des faubourgs, passant son temps dans les casernes des Montagnards ; qu’il avait horripilé par ses discours ultra, même les représentants des partis aussi extrêmes que Caussidière et Flocon, qui se sont empressés de l’envoyer… faire de la propagande politique en Allemagne, le munissant même d’une petite somme d’argent.
C’est justement alors, Bakounine s’efforçant à y organiser les forces révolutionnaires internationales et à les faire agir d’un commun accord, que George Sand dut un jour intervenir en sa faveur. Et notamment Karl Marx inséra dans sa Nouvelle Gazette Rhénane, qui paraissait à Cologne, une correspondance calomnieuse prétendant que George Sand avait entre ses mains la preuve que Bakounine était un agent du gouvernement russe. Cette Correspondance de Paris à la date du 3 juillet, parut dans le numéro 36 de la dite Gazette et était ainsi conçue :
On suit ici d’un œil attentif, malgré tous nos troubles intérieurs, les luttes des Slaves, en Bohême, Hongrie et Pologne. À propos de la propagande slave on nous communiquait hier que George Sand aurait acquis des papiers très compromettants pour le Eusse exilé d’ici, Michel Bakounine, en laissant constater que c’était un outil ou un agent nouvellement acquis par la Russie, auquel incombaient la plupart des arrestations des malheureux patriotes polonais survenues en ces derniers jours. George Sand avait montré ces papiers à quelques intimes. Nous n’avons ici rien à objecter contre un royaume slave, mais il n’en sera jamais créé par la trahison contre des patriotes polonais…
Bakounine qui, toujours dans le but de faire de la propagande en Russie, s’était entre temps rendu à Breslau, après avoir