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George Sand fut toujours un socialiste et non pas un politique — nous le répétons[1]. — Nous avons dit dans le chapitre iv du volume III que tous les écrits politiques et sociaux de George Sand, à partir de 1841, tous ses articles dans la Revue indépendante, dans la Réforme et l’Éclaireur de l’Indre, étaient remplis des mêmes idées, des mêmes croyances et des mêmes opinions qui parurent une nouveauté inattendue, lorsqu’elles se firent jour dans les Bulletins de la République, dans les Paroles de Blaise Bonnin aux bons citoyens, dans les Lettres au Peuple et enfin dans les articles parus, soit dans son propre journal, la Cause du Peuple, soit dans la Vraie République, de Théophile Thoré.

Nous avons noté que le comité de la Réforme, en invitant Mme Sand en 1844, par l’intermédiaire de Louis Blanc, à devenir collaboratrice du journal, l’avait attirée justement par la déclaration que « la politique » n’était pour eux que le levier qui les aiderait à soulever la « cause du peuple », la défense des masses obscures et opprimées, voire cette même « œuvre sociale » que George Sand devait considérer comme sienne. À présent, en 1848, presque tout ce comité de la Réforme (qui, selon l’auteur de l’Histoire de 1848, « avait été fondée dans le dessein formel de renverser la dynastie d’Orléans[2] »), était au pouvoir : Ledru-Rollin était ministre de l’intérieur, François Arago, ministre de la marine, Carnot, de l’instruction publique, Étienne Arago, directeur des postes, Flocon et Louis Blanc, secrétaires d’État, en même temps ce dernier, en sa qualité de chef du parti socialiste et de représentant des intérêts des travailleurs, fut élu président de la commission pour l’organisation du travail, et quoique le ministère du progrès, sur la création duquel il insistait, ne fût pas institué par le gouvernement provisoire, il n’en était pas moins presque un ministre par l’indépendance et la signification de son rôle. Le rêve ébauché en 1844 devait à présent être mis en œuvre par les mêmes collaborateurs de la Réforme.

George Sand, dans tous ses articles et dans toutes ses lettres

  1. V. George Sand, sa vie et ses œuvres, t. Ier, chap. iii, p. 166-169.
  2. V. Daniel Stern, Histoire de la révolution de 1848, t. Ier, Introduction, p. lxvi.