Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/211

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

elle plaça sa fille dans un pensionnat et, avec l’aide de Mme Duvernet, elle veilla sur son éducation comme elle l’aurait fait pour une jeune parente à elle !

Bocage lui adressa une demande en faveur de son ami, le jeune avoué républicain Fulbert Martin, incarcéré dans les casemates du fort d’Ivry, et il fut libéré, avec injonction de résider… à Nohant, aussi !

Et le même Fulbert Martin priait Mme Sand pour ses codétenus ! Et la femme d’un autre Martin — celui de Strasbourg — appelait l’attention de Mme Sand sur le sort des personnes arrêtées en Alsace et transférées dans les forts de Paris et pour Mme Pauline Roland (amie et collaboratrice de Pierre Leroux), arrêtée et détenue !

Cette même Mme Roland intercédait pour ses co-détenus, et une Mme Mathé pour toute une série de prisonniers, et encore une autre dame — Mme Matron (dont le nom ne se rencontrait jusqu’à ce jour dans aucune des lettres de et à George Sand) — pour d’autres encore ! C’est ainsi que sur la table de George Sand s’amoncelaient des amas de listes de personnes poursuivies pour lesquelles il fallait « prier ». Un grand nombre de ces listes et de ces mémoires porte en tête à l’encre bleue : « Demandé le 23 février », « envoyé », « remis à Persigny », « pour Clary », « envoyé au président le 28 », etc., etc., etc.

Laissons parler Mme Sand elle-même :


À Monsieur Charles Duvernet, à La Châtre.
Paris, 10 février 1852[1].

Mes amis,

Ne soyez pas inquiets du résultat de mes démarches. Autant qu’on peut être sûr des choses humaines, je le suis que nous gagnerons notre

  1. Cette lettre fut écrite en réponse à une lettre datée du 6 février, et gardée dans les papiers de Mme Sand, dans laquelle les Duvernet, lui annonçant que Fleury avait deux fois écrit à sa femme et qu’il refusait de profiter de toute espèce de démarches en sa faveur — de crainte que cela ne nuise à Mme Sand dans l’opinion publique, — mais qu’ils la priaient quand même de persévérer ; puis, ils ajoutaient qu’à La Châtre et à Châteauroux on bavardait déjà sur ses démarches, ce qui avait permis au parti réactionnaire de