Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/313

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été écrite en cinq actes et s’appelait l’Irrésolu. On ne sait pas trop pourquoi, aucune de ces deux pièces ne fut jouée à la Comédie-Française, l’auteur, en effet, « reprit Françoise » et la fit représenter au Gymnase, Le rôle de Françoise, jeune fille prête à se sacrifier à son bien-aimé, destiné d’abord à Mme Arnould, fut joué par la célèbre Rose Chéri ; le rôle de l’irrésolu — ou pour mieux dire de l’égoïste veule, aussi incapable de se dévouer à la femme aimée que de faire un mariage de raison en épousant une riche bourgeoise — fut créé par le non moins célèbre Francis Berton, et le rôle de cette « jeune bourgeoise », mi-enfant terrible, mi-petite raisonneuse pratique, par la charmante « ingénue comique » qui fut plus tard une jeune première très applaudie, Mlle Marie Delaporte,

Delacroix, à propos de Maître Favilla et à propos d’autres pièces encore, reprochait à Mme Sand, ainsi qu’à Dumas père, de faire entrer dam le drame sentimental des personnages comiques et vice versa, ce qui lui paraissait un grand défaut et une grave erreur. Selon nous, dans Françoise, tout aussi bien que dans Claudie et dans le Pressoir, les personnages les mieux réussis ce ne sont point les héros vertueux et sentimentaux, mais justement les personnages comiques, les Denis Ronciat, les Noël Plantier, etc., etc. Tels, aussi, les parents de Cléonice Dubuisson, la fiancée bourgeoise de l’irrésolu, le papa qui s’enorguellit de sa provenance paysanne et de ce qu’il a gagné ses millions en geignant, et la maman qui voudrait faire oublier cela et pose à la grande dame. Le caractère le mieux venu toutefois est bien celui de l’irrésolu. Disons plus, Françoise est peut-être la plus intéressante de toutes les pièces de George Sand, grâce à ce rôle d’Henri de Trégénec. Ce personnage offre de grandes ressources à l’artiste qui le jouerait. Il est tout en nuances, en scènes mimiques, en brusques changements d’âme. Lorsqu’on parle des œuvres dramatiques de George Sand, on cite le Champi, Claudie, Mauprat ou le Marquis de Villemer et l’on passe sous silence l’irrésolu. Nous croyons qu’avec quelques changements dans les détails, quelques petites adaptations à notre époque, avec quelques coupures de fadaises trop « sucrées »