Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/350

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« Je n’avais pas eu de bonheur dans toute cette phase de mon existence… J’avais eu des bonheurs, c’est-à-dire des joies dans rameur maternel, dans l’amitié, dans la réflexion et dans la rêverie… je sens ma conscience assez saine et ma religion assez bien établie, pour saisir le vrai jour dans le passé… mon cœur, deux fois brisé, cent fois navré, s’est défendu de l’horreur du doute… »

Ni dans ses Lettres d’un voyageur, ni dans le Journal de Piffoël, George Sand ne s’approcha autant de ce plan projeté de ses Mémoires qu’elle le fit dans l’Histoire de ma vie. Ceci est digne de toute signification, de toute remarque. Ceci prouve l’unité de conception de la jeune femme qui n’a encore ni écrit, ni vécu, et de l’écrivain arrivé tout ensemble au seuil de la vieillesse et au faîte de la gloire, croyant après tant d’épreuves avoir fait à l’amour ses adieux. « Voici ce que la vie et les hommes firent de l’enfant rêveur », semble dire George Sand au lecteur dans les deux versions. Mais dans l’Histoire elle ajoute : « Et voici comment je me façonnai moi-même, voici le chemin que je parcourus depuis le berceau jusqu’à l’âge mûr, voici les étapes de ma pensée, voici comment s’élargirent mes horizons… » Et d’accord avec ce plan général l’écrivain divise toute sa narration en rubriques qui correspondent aux étapes de ce chemin spirituel, et les intitule :

   Histoire d’une famille de Fontenoy à Marengo,
   Mes premières années.
   De l’enfance à la jeunesse.
   Du mysticisme à l’indépendance.
   Vie littéraire et intime.

Nous ne suivons plus l’histoire du développement moral de G. Sand tel qu’il est peint dans l’Histoire de ma vie, ainsi que les faits de sa vie intime ou extérieure : le lecteur connaît tout cela.

Quant à rendre compte de ce que contient cette œuvre, c’est impossible : ce chapitre prendrait la dimension du livre même, parce qu’il faudrait alors, page par page, démontrer comment le récit de la guerre d’Espagne, par exemple, donne à l’auteur