Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/371

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Nohant conduisit George Sand à écrire, entre autres, deux romans dont l’action se passe en Berry ; l’un de ces deux romans est tout fantastique, les Dames vertes[1], où l’on voit apparaître des revenants ; l’autre, les Beaux Messieurs de Bois-Doré — l’un des peu nombreux romans liistoriques de George Sand — peignant avec beaucoup de verve, d’esprit et de finesse l’époque transitoire entre les mœurs austères des chevaliers du moyen âge et les mœui^s des nobles de la cour de Louis XIII, lorsque sous l’influence de la mode et de l’amour naissant pour la culture intellectuelle se propagea la passion du bel esprit et des romans, entre autres de ceux de Mlle de Scudéry et de l’Astrée d’Urfé. C’est à cette époque que les gentillâtres simples et brutaux se changèrent en de mélancoliques et bucoliques rêveurs, soupirant après le pays du Tendre, et devinrent, sans s’en apercevoir eux-mêmes, grâce à l’influence de ces lectures, plus policés et plus humains.

Un autre roman de Mme Sand paraît avoir un rapport secret avec la série des Amants illustres, c’est Elle et lui[2], il présente la réalisation de l’idée de Musset « d’écrire un jour l’histoire de leur amour qui sera aussi connue que l’histoire de Roméo et Juliette, d’Héloïse et Abélard »[3]. Or, la série des Amants illustres devait aussi comprendre l’histoire d’Héloïse et d’Abélard. Il est fort possible, qu’indépendamment de la mort de Musset survenue en 1857, lorsque George Sand avait mentalement tracé le plan de cette série de romans, il lui était venu alors, par association d’idées, la pensée de raconter cette histoire amoureuse.

Nous avons dans notre volume II assez parlé d’Elle et lui ainsi que de la préface de Jean de la Roche[4] où George Sand avait avec tant de dignité répondu à ses ennemis et spécialement à Paul de Musset. Jean de la Roche appartient à la série de romans de Mme Sand se rattachant à l’histoire naturelle ; nous

  1. Parut dans le Monde illustré de 1857.
  2. Fut publié dans la Revue des Deux Mondes de 1859.
  3. V. notre vol. II, p. 103-104.
  4. Parut dans la Revue des Deux Mondes en 1859.